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DES
VARIATIONS DU BEAU


Eh! mon frère,
Comme te voilà fait! Je t’ai vu si joli!...
….
Comme me voilà fait ! Comme doit être un ours.
Qui t’a dit qu’une forme est plus belle qu’une autre?
(La Fontaine, les Compagnons d’Ulysse.)


L’auteur des réflexions qu’on va lire avait osé dire dans un petit essai, oublié sans doute des lecteurs de la Revue[1], que le beau n’est point circonscrit dans une école, dans une contrée, dans une époque, qu’on ne le trouve pas exclusivement dans l’antique, comme quelques-uns le prétendent, ni exclusivement dans Raphaël ou les peintres qui se rapprochent de sa manière, suivant d’autres. Longtemps avant que les Grecs eussent produit leurs chefs-d’œuvre, ou que le génie de la renaissance, génie à moitié païen, eût inspiré le peintre d’Urbin, d’autres hommes, d’autres civilisations avaient réalisé le beau et l’avaient offert à l’admiration.

Les monumens de l’antique Égypte ont précédé de plusieurs siècles tout ce qui nous reste des Grecs, et ont survécu en grande partie à des ouvrages d’une civilisation plus récente. On peut se figurer, à l’aspect de ces ruines imposantes, le tribut d’admiration que les Grecs eux-mêmes leur ont payé, quand on se rend compte de tous les emprunts qu’ils ont faits à ces types consacrés, si majestueux par leur masse et si fins, si précis dans leurs détails.

Nous avons vu récemment apparaître un art tout nouveau avec les précieux débris qui nous ont été apportés de Babylone et de Ninive, et dont nous n’avions aucune idée. Je ne sais s’ils sont plus

  1. Voyez la livraison du 15 juillet 1854.