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anciens que les monumens de l’Égypte : c’est aux antiquaires ou à l’histoire d’en décider ; mais il semble qu’on y voie déjà palpiter la vie et une intention de mouvement ignorée ou peut-être proscrite dans les ouvrages des Pharaons. On est frappé surtout de la perfection avec laquelle les figures d’animaux y sont rendues : cette exacte représentation, qu’on rencontre partout, indique des penchans particuliers chez ces races, et introduit sous le rapport de l’art une variété précieuse.

Qui peut dire ce qu’a été l’art de ces antiques Éthiopiens et de ces peuples dont le nom même a péri, qui ont précédé les Égyptiens et qui leur ont légué des arts dont la perfection n’a peut-être pas été égalée ? On sait que dans les édifices égyptiens il faut distinguer plusieurs époques. La plus ancienne est de beaucoup la plus estimée, et c’est celle qui dérive de ces peuples initiateurs dont nous parlons. Je tiens d’un témoin très véridique, qui a passé beaucoup de temps dans les ruines de Thèbes, que la plupart des matériaux qu’on y a employés avaient servi antérieurement à d’autres constructions : on retrouve à chaque pas, sur des fragmens de pierre que le hasard fait retourner, des traces de sculpture bien supérieures à celles qui ont été imprimées, depuis et sur la face opposée, par des artistes d’une époque plus récente et d’un sentiment bien moins élevé.

Il ne nous reste rien de l’architecture ni des autres arts des Hébreux, mais on ne peut supposer que leurs travaux aient été inférieurs à ceux de ces nations voisines, avec lesquelles ils ont eu des rapports continuels. Les livres saints parlent en termes magnifiques du temple de Jérusalem. Il y aurait plus que de l’irrévérence à se figurer que In Dieu vivant eût consenti à se voir encensé dans des monumens d’un plus mince mérite que ceux de tant de peuples ennemis de son peuple et voués au culte des faux dieux.

Le génie humain est inépuisable : si nous arrivons à des époques plus récentes, à l’architecture arabe, dont les origines ont été peu étudiées, nous découvrons de nouvelles sources d’intérêt dans un art qui a dû pourtant s’interdire la représentation de la figure de l’homme et de celle des animaux. L’horreur des images a conduit les architectes musulmans à la plus riche combinaison des ornemens géométriques, d’où est sorti un système tout entier, d’une extrême élégance.

Ce n’est point par un caprice du goût que nous voyons se produire des styles si divers. Un voyageur français, M. Texier, qui a étudié avec le plus grand soin ces origines orientales, a tracé une espèce de carte de la Grèce et de l’Asie, dans laquelle il place les grandes masses de calcaire, de gypse, d’argile, dont se sont servis les peuples de ces contrées. Il démontre comment les Grecs, riches