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étendue, région dans laquelle se trouvera nécessairement la molécule lorsqu’elle atteindra le pôle. Là, sa direction redeviendra ascendante, et, parvenue dans les couches supérieures de l’atmosphère, elle commencera son trajet de retour vers le pôle sud, sous forme de courant dirigé du nord-est vers le sud-ouest. Arrivée aux calmes du Cancer, elle redescendra, et, sans changer de direction, deviendra à la surface du globe le vent alizé du nord-est, qui la conduira aux calmes équatoriaux, où elle remontera dans les régions supérieures pour passer de là dans l’hémisphère sud. Le reste de son trajet est symétrique de celui que nous venons d’exposer : elle franchit les alizés du sud-est en courant supérieur de direction contraire à celle de ces vents, arrive aux calmes du Capricorne, y redescend, se dirige à la surface du globe vers le pôle sud suivant une spirale allant du nord-ouest au sud-est. De là production d’un second tourbillon où le sens du mouvement est inverse de ce qu’il était dans le premier ; au centre de ce tourbillon, c’est-à-dire au pôle sud, nouvelle région de calmes, dans laquelle notre molécule hypothétique s’élèvera une dernière fois dans les régions supérieures pour commencer son trajet de retour vers le pôle nord sous forme d’un courant dirigé du sud-est vers le nord-ouest. Enfin, parvenue aux calmes du Capricorne, elle redescendra à la surface du globe pour s’y mêler aux alizés du sud-est, où nous l’avons prise au début de ce trajet, qu’elle recommence indéfiniment.

C’est à dessein que je viens d’exposer ce long trajet sans l’accompagner d’aucun commentaire, et, si étranger que soit le lecteur à ces idées, quelqu’abstraites et compliquées qu’elles puissent paraître à première vue, un instant de réflexion n’y fera pas moins reconnaître une remarquable simplicité : au-dessus de chacune des quatre zones de vents de surface se trouve un courant supérieur de direction diamétralement opposée, de sorte que les vents constatés par l’observation dans les régions inférieures de l’atmosphère se trouvent pour ainsi dire inversement reproduits dans les régions supérieures. Dans ce système, les calmes des trois zones que nous avons signalées résultent naturellement de la rencontre de deux vents de directions opposées : à l’équateur, de la rencontre des alizés ; — aux calmes du Cancer et du Capricorne, de celle des courans supérieurs venant dans le premier cas du nord-est et du sud-ouest, et dans le second du sud-est et du nord-ouest. Cependant on voit que la désignation de calme ici employée n’est que relative, et qu’elle indique simplement l’absence, du moins en thèse générale, du mouvement horizontal de translation qui caractérise les quatre zones de vents. Dans ces calmes en effet, le mouvement de l’air est vertical, ascendant à l’équateur, descendant dans les deux autres zones, mais la direction et l’infériorité de vitesse relative de ce mouvement