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exquis et peuvent soutenir la comparaison avec les vins les plus délicats.

Nous n’avons point encore parlé des mines d’or, qui semblent la principale richesse de l’Oural, et qui sont peut-être pour la Russie un avantage moins précieux que les inépuisables dépôts de fer et de cuivre qu’elle possède dans ces montagnes. Il est peu de cours d’eau qui ne roulent des paillettes d’or, et la terre qui forme le fond des vallées jusqu’à une profondeur de trois ou quatre pieds en recèle presque toujours. Cet or s’extrait par le lavage. On ne l’a trouvé d’abord en quantité un peu considérable qu’à Zarevo, appelé aussi Alexandrofski depuis la visite d’Alexandre Ier. Le tsar ne dédaigna pas de creuser pendant près d’une heure, il voulut qu’on lavât la terre qu’il avait détachée du roc, et de laquelle on retira quelques grains d’or. Un ouvrier continua l’excavation que l’empereur avait commencée, et rencontra, deux pieds plus avant, une masse d’or qui pesait un peu plus de 24 livres. Une petite pyramide fut élevée à cet endroit même, et on a conservé la pelle et la pioche dont Alexandre s’était servi. Les pépites du poids de plusieurs livres sont fort rares : en 1843, il s’en est trouvé une du poids de 40 livres ; le paysan dont la pioche avait déterré ce trésor reçut, par ordre de l’empereur Nicolas, sa liberté et une petite pension. À l’exception de Zarevo, les mines d’or un peu productives sont toutes situées dans le sud, c’est-à-dire dans la partie la moins élevée de l’Oural.

À mesure qu’on se rapproche de la Mer-Caspienne, la chaîne de l’Oural s’abaisse sensiblement et change de caractère : quelques pics isolés, l’Ilmantou, l’Ouraltou, l’Uitash, ont seuls une certaine élévation et conservent une couronne de forêts ; tout autour s’échelonnent des rangs de collines qui vont se confondre insensiblement avec le steppe : les cèdres et les pins font place à de rares mélèzes, à de maigres bouleaux, et ceux-ci à des arbustes et à des broussailles. Les rivières qui descendent des montagnes, rencontrant un sol presque dépourvu de pente, finissent presque toutes par former des lacs : c’est dans le terrain d’alluvion qui compose le fond des vallées par lesquelles elles descendent que l’or se rencontre principalement. Aussi les mines sont-elles situées au pied des montagnes, à l’entrée du steppe plutôt que dans l’Oural même. Presque toutes sont la propriété de la couronne. Une ville naissante et déjà populeuse, Maïas, bâtie au centre de la région aurifère, est le siège de l’administration des mines. Le lavage de l’or s’y opère, hiver comme été, dans de vastes ateliers et par les mains d’un nombreux personnel. À quelques verstes de la ville, au pied du mont Ilmantou, s’étend le lac Chirtanish, qui présente cette particularité singulière de deux nappes d’eau superposées : en effet, à la profondeur de dix