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la Séquanie par la vallée de l’Armançon, affluent de l’Yonne, que suivent encore aujourd’hui et la grande route et le chemin de fer de Paris à Dijon. C’est sur les bords de cette rivière que, la veille du combat, ils font camper Vercingétorix, arrivant directement d’Autun. Sans revenir sur les raisons qui nous ont fait changer ces positions respectives, nous allons étudier cette hypothèse, qui repose sur un fondement solide ; cependant nous présenterons tout d’abord une première objection.

Entre les bivouacs gaulois et Alesia, il ne devait pas y avoir moins de six lieues, ni plus de douze. Si la distance est plus grande, il est difficile que César arrive devant la place le lendemain du combat ; si elle est plus petite, on s’étonne que sa cavalerie n’ait pas atteint cette ville le soir même. Cette première donnée place notre champ de bataille aux environs d’Ancy-le-Franc. Or, de ce point, il y a en ligne droite vingt-quatre lieues jusqu’à Autun, et vingt-trois seulement jusqu’à Sens. Il faudrait donc admettre que Vercingétorix aurait quitté Autun au plus tard le jour même où César se mettait en route, et avant de rien savoir des mouvemens du consul. Une pareille coïncidence semble peu probable.

Il y a encore quelque difficulté à trouver sur les bords de l’Armançon une position qui réunisse les conditions indispensables pour qu’on lui puisse appliquer le récit de César. On pourrait bien faire marcher les Romains par la rive méridionale de l’Armançon, adosser l’infanterie arverne à ce cours d’eau au lieu de la placer derrière (ce qui n’est pas en contradiction absolue avec le texte des Commentaires), et la déployer sur la crête au-dessus de Périgny. Le combat de cavalerie, commencé vers Pasilly, se serait terminé par l’occupation des hauteurs qui sont au sud d’Étivey. La ligne de retraite des Gaulois sur Autun eut été coupée. Rejetés sur la rive droite de l’Armançon, ils rencontraient le Mont-Auxois dans leur fuite, et s’y arrêtaient. Cependant il serait peu vraisemblable que César eût négligé de se couvrir du fleuve dans sa marche, et que Vercingétorix eût pris position tournant le dos au territoire ennemi et faisant face à sa base d’opérations. C’est donc par la rive septentrionale que doit s’avancer l’armée romaine, et de ce côté il devient assez malaisé d’amener la droite des Germains sur le point culminant (summum jugum) du champ de bataille, car elle doit combattre sur la partie du terrain la plus rapprochée du fleuve, c’est-à-dire la plus basse,

    qu’Agendicum s’élevait sur l’emplacement actuel de Sens, et non sur celui de Provins, ainsi que l’a soutenu M. Barbié du Bocage dans un remarquable mémoire. Nous n’avons pas à nous prononcer sur cette question, dont la solution d’ailleurs n’intéresse pas notre opinion, puisque nous pensons que César a rétrogradé jusqu’à l’Aube ou à la Marne.