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et c’est au fleuve même (ad flumen) que doit se terminer l’action. Il faut alors chercher le champ de bataille sur un terrain coupé de bois et de ravins, entre Gland, Senevoy-le-Haut et Stigny, car c’est là seulement que nous trouvons, près de la rivière, entre Stigny et Ravières, une hauteur dont l’occupation ait pu être décisive. Vercingétorix, campé en face sur la rive gauche, aurait dû repasser l’Armançon dans sa retraite sur Alise, et le lendemain César serait arrivé devant cette place par les hauteurs de Massingy. Ici, nous l’avouons, la disposition des lieux ne répond qu’imparfaitement à l’idée que nous nous en étions faite ; mais il nous est impossible de trouver dans cette vallée aucun autre emplacement qui réponde tant bien que mal à la description des Commentaires[1].

Si l’on voulait enfin faire partir César des environs de Langres en l’acheminant vers Dijon, il serait encore possible d’amener les Gaulois sur la Tille, et de les mettre aux prises avec les Romains entre Is et Selongey ; cette position serait assez rapprochée de la frontière lingone, mais bien éloignée d’Alise (quatorze lieues). D’ailleurs nous croyons que M. Quicherat n’a pas fait rétrograder les légions jusqu’auprès de Langres pour qu’on pût ensuite les conduire au pied du Mont-Auxois.

Essayons de résumer et de présenter dans un ordre plus logique ce que la nature du sujet nous a forcé d’exposer dans les pages qui précèdent avec quelque diffusion et d’inévitables répétitions.

Après avoir indiqué quelle était la situation des deux partis au moment où commencèrent les opérations qui nous occupent, nous avons commencé par nous rendre compte de l’effectif de l’armée romaine des Gaules, et nous avons reconnu qu’elle devait être d’environ 40 000 hommes avant d’avoir reçu de la Germanie le renfort de troupes légères. La solution de ce problème, que nous croyons exacte, nous sera de quelque utilité dans la seconde partie de ce mémoire. Puis nous avons cherché quelle était la position que César avait dû prendre à son retour d’Auvergne et après sa jonction avec Labiénus. Nous avons trouvé que, politiquement et militairement, il

  1. D’Anville se borne à dire que le combat a dû avoir lieu entre Tonnerre et Ravières. Le commandant Du Mesnil s’en rapporte, sans autre explication, à l’opinion d’un officier supérieur du génie, « qui désigne le point de Périgny comme le lieu où s’est passée l’action. » M. Rossignol fait camper les Gaulois à Montbard, Nogent et Courcelles, sur la Brenne et non sur l’Armançon, à huit kilomètres seulement du Mont-Auxois ; il n’assigne pas d’emplacement particulier au champ de bataille, mais semble lui donner de bien vastes proportions. Le commandant de Coynart détermine comme nous la distance qui devait séparer Alise du théâtre de l’action ; il se borne ensuite à nommer quelques villages, dont les environs lui semblent avec raison se prêter à des engagemens de cavalerie, mais auprès desquels il nous paraît difficile d’appliquer sur le terrain la description du combat donnée par César.