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garde, malgré toutes les ressources de la diplomatie allemande, on va se trouver pressé par l’alternative d’un conflit ou d’une intervention inévitable des puissances européennes. Le Danemark avait transmis à Francfort, il y a quelque temps, des propositions dictées par un esprit de paix ; il croyait répondre suffisamment aux prétentions, aux susceptibilités de l’Allemagne. Il offrait de faire la part de ce qu’il y avait de légitime dans les réclamations du Holstein et de négocier avec la confédération germanique. Le comité nommé par la diète de Francfort a fait son rapport sur ces propositions. Quelques-uns des états allemands étaient favorables à l’œuvre du comité ; d’autres, et le Hanovre était du nombre, trouvaient le rapport trop pacifique : ils proposaient tout simplement de fulminer une sorte d’excommunication contre le Danemark. Des concessions mutuelles ont été faites au sein de la diète, et de ce travail il est sorti enfin une nouvelle résolution, qui a été adoptée il y a un mois, et qui en définitive replace la question dans les termes où elle était avant les dernières tentatives de conciliation, puisqu’on semble ne tenir aucun compte des ouvertures du cabinet de Copenhague. Le Danemark avait offert de convoquer les états provinciaux du Holstein pour les mettre en position de formuler nettement ce qu’ils demandent ; la diète répond en exigeant que le Danemark précise tout d’abord les réformes qu’il consent à réaliser, et elle lui laisse un délai de six semaines pour donner une explication définitive. Le cabinet de Copenhague proposait d’entrer en négociation au sujet de la constitution commune de la monarchie, en sauvegardant les droits de son indépendance ; la diète refuse d’entrer en pourparlers avant de savoir quels changemens doivent être faits. Enfin le Danemark, cédant à une invitation, a retiré certaines lois financières qui avaient été soumises au conseil suprême ; la diète persiste à mettre ces lois en interdit jusqu’à ce qu’elle ait donné sa sanction à la constitution commune de la monarchie. Ces résolutions nouvelles ont été récemment transmises à Copenhague, et elles y sont arrivées justement au milieu d’une lutte électorale : il s’agissait du renouvellement complet de la seconde chambre danoise, le Folkething.

C’est le 14 juin que cette élection générale a eu lieu dans le royaume de Danemark. Le Folkething se compose de cent membres élus par le suffrage universel, dans la proportion d’un député par circonscription de quatorze mille habitans. Parmi les élus, beaucoup sont nouveaux, et il serait dès lors difficile de se former une idée très précise de l’assemblée qui vient de sortir du scrutin. D’après toutes les apparences cependant, la distribution des opinions ne sera pas essentiellement modifiée. Le parti réactionnaire a obtenu, il est vrai, quelques avantages, tandis que le parti démocratique extrême a perdu quelques-uns de ses adhérens. Au fond, ces changemens, peu importans par eux-mêmes, laissent subsister l’esprit général qui animait la dernière assemblée, esprit sagement libéral et prudemment réformateur. Des huit ministres actuels, trois appartiennent au Landsthing ou première chambre, et ne siègent point par conséquent dans l’autre assemblée. Le président du conseil, M. Hall, est le seul membre du ministère qui se soit présenté au scrutin ; il a été élu par acclamation et unanimement dans le cercle où il a été déjà nommé plusieurs fois. Il était difficile que la querelle avec l’Allemagne n’eût point une certaine place dans ces élections. À vrai dire,