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DE
LA PHILOSOPHIE
DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE

I. Mémoires pour servir à l’histoire de la Philosophie au dix-huitième siècle, par Ph. Damiron.
II. Essai sur la Révolution française, par M. P. Lanfrey.



La philosophie du XVIIIe siècle n’est pas en faveur. C’est obéir à la mode que d’en parler comme d’une vieillerie qui n’a plus cours. Le dédain est tellement de mise quand il s’agit d’elle, qu’elle subit tous les jours ce dernier des affronts, le mépris des sots. Plus d’un qui l’outrage sur parole en effet ne s’inquiète guère de la connaître et ne se doute pas qu’il lui doit le peu qu’il pense, que les trois quarts de ses idées lui viennent de l’école qu’il répudie. Enfin l’abandon est si général, que le temps doit approcher où la philosophie du XVIIIe siècle reprendra crédit.

Dans les temps modernes, il n’y a pas d’ostracisme pour les idées. Elles montent ou descendent, elles ne disparaissent pas. L’esprit humain ne renonce à rien; mais il a tout un assortiment de doctrines, et il en change. Trois fois, de nos jours, on a vu s’élever contre Voltaire et ses contemporains ces orages de l’opinion. Au déclin de la première république, puis au début de la restauration, le même vent a grondé. A deux reprises, des intérêts et des passions semblables ont fait entendre les mêmes déclamations. A deux reprises, on a cru le procès fini, et à chaque époque les accusateurs victorieux ont réussi à ramener le public du côté des accusés. La réaction n’a pas manqué d’enfanter une réaction contraire. Aujour-