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L’HOMME DE NEIGE

sixième partie.[1]

XI.

Tandis que Christian et M. Goefle s’éloignaient furtivement derrière le tumulus, le gros de la société retournait au château neuf, trouvant l’ascension du högar trop pénible et la nuit trop froide. On avait pourtant préparé, dans une excavation à mi-côte, une sorte de tente où il avait été question de prendre le punch ; mais les dames refusèrent, et les hommes les suivirent peu à peu. Quand au bout d’une demi-heure Christian et l’avocat descendirent de la plate-forme où fondait la statue, trop chauffée par le voisinage des torches de résine, ils entrèrent par curiosité dans cette grotte garnie et fermée de tentures goudronnées, et ils n’y trouvèrent que Larrson avec son lieutenant. Les autres jeunes gens, esclaves de leurs amours qui se retiraient, ou de leurs chevaux qu’ils craignaient de laisser enrhumer, étaient repartis ou en train de partir. Osmund Larrson était un aimable jeune homme qui faisait bien son possible pour avoir l’esprit français, mais qui, heureusement pour lui, avait le cœur tout à sa patrie. Le lieutenant Ervin Osburn était une de ces bonnes grosses natures tranchées qui ne peuvent même pas essayer de se modifier. Il avait toutes les qualités d’un excellent officier et d’un excellent citoyen avec toute la bonhomie d’un homme bien portant et qui ne se creuse pas la tête sur ce dont il n’a que faire. Larrson

  1. Voyez les livraisons du 1er et 15 juin, du 1er et 15 juillet, et du 1er août.