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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

IV.
LES HOUBLONNIERES DU KENT. — LES BRASSERIES ET LES TAVERNES DE LONDRES.

L’Europe moderne se partage en deux groupes, les races latines, qui boivent du vin, et les races plus ou moins saxonnes, qui boivent de la bière. Cette différence n’est point étrangère aux mœurs, à l’économie agricole, à l’état hygiénique et même aux facultés morales des populations. Les caractères des sociétés humaines se forment par les alliances, ils se consolident par la manière de vivre et surtout par les boissons alimentaires. L’impétuosité des races latines, leur esprit sémillant, leur ardeur guerrière répondent aux qualités de cette liqueur qu’on a nommée le sang de la vigne. Les peuples que la nature a condamnés à une boisson plus sévère se distinguent de leur côté par la force, la patience, la réflexion, le travail opiniâtre et envahissant.

À ne considérer que les faits actuels, on serait tenté de croire que la bière est originaire du Nord. Telle n’est pourtant pas la patrie de cette boisson. La première bière que les hommes aient bue paraît avoir été faite en Égypte. Les Égyptiens, qui aimaient à rapporter aux dieux les découvertes utiles et les conquêtes économiques, faisaient honneur de cette invention à Osiris. La bière est donc la boisson adoptée de temps immémorial dans les pays où la vigne refuse de croître, soit par excès, soit par défaut de chaleur.