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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/165

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et contenait 4,21 de substances étrangères. Ainsi la quantité de sucre était moindre de moitié, et les difficultés de l’extraction eussent été augmentées par la présence de matières étrangères en proportions trois fois plus considérables. Si l’on compare en outre la composition des cannes à sucre parvenues à leur état normal de maturité dans nos colonies, et contenant alors de 20 à 22 de sucre pur pour 100 de leur jus, avec la composition des betteraves, qui pour 100 renferment en moyenne 10 de sucre et 5 ou 6 de substances étrangères, on voit que dans le jus de la canne il se trouve le double de la quantité de sucre et seulement la moitié des matières impures à éliminer que l’on rencontre dans le jus de la racine saccharifère indigène.

Ce sucre, objet de l’exploitation, est assez inégalement réparti dans la plante ; les feuilles n’en renferment pas de quantités appréciables ; les nœuds où le tissu ligneux est plus serré et les cellules saccharifères rétrécies contiennent naturellement moins de sucre que les tissus des mérithalles ou entre-nœuds. Voici au surplus suivant quel ordre dans ceux-ci sont répartis les divers tissus depuis la superficie jusqu’au centre de la tige. — Une couche blanchâtre toute superficielle n’est autre chose qu’une excrétion d’une cire particulière observée et recueillie par MM. Plagne et Avequin, puis analysée par M. Dumas, et désignée sous le nom de cérosie, composition analogue à la cire, quoique plus dure à froid et moins fusible à chaud. — La surface lisse sur laquelle était l’efflorescence de cérosie, qu’un léger frottement suffit pour enlever, est une membrane appelée cuticule épidermique, qui enveloppe la tige de toutes parts. Cette membrane, de même que toutes les portions superficielles protectrices des tissus végétaux, est rendue très résistante aux agens extérieurs par sa forte cohésion, qu’augmentent trois substances injectées dans son épaisseur : la silice (identique chimiquement avec celle qui constitue les sables quartzeux, les cailloux, etc.), une matière grasse inattaquable à l’eau, et une substance azotée. — Au-dessous de la cuticule se trouve un tissu épidermique formé de cellules longues à parois très épaisses, et dont les cavités sont en communication les unes avec les autres par des canalicules qui en traversent les parois ; cet épidémie lui-même recouvre une couche de tissu cellulaire. Ces trois premières couches externes, la cuticule, l’épiderme et le tissu cellulaire sous-jacent, sont entièrement dépourvues de sucre. Ce principe immédiat réside dans les portions internes de la tige, il est sécrété autour des nombreux faisceaux vasculaires où passe la sève, et que soutiennent des fibres ligneuses épaisses et résistantes. La sécrétion sucrée s’accumule peu à peu à l’état de solution de plus en plus riche ou sirupeuse autour de ces