Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES
RÉFORMES ÉLECTORALES
EN ANGLETERRE

I. Parliamentary Government considered with a reference to reform of Parliament, an Essay, by Earl Grey 1858. — II. Lord Brougham’s Speech on Parliamentary reform, in the house of Lords. 1857.





La France, il faut le reconnaître, lors même qu’elle n’avait pas encore eu de liberté politique régulièrement garantie, en a toujours plus ou moins parlé. Le raisonnement était pour elle une institution naturelle, qui, sous la forme religieuse, historique, littéraire, avait son jour, son heure, et exerçait une influence inégalement tolérée à l’intérieur, mais puissante au dehors. Cette influence agissait selon l’à-propos de la controverse, la situation, le talent de l’écrivain, et en proportion aussi de cette vérité absolue qui réside dans les choses mêmes, et devient parfois irrésistible, si peu qu’elle se montre.

C’est ainsi que la France, si considérable au XVIIe siècle par ses armes et sa diplomatie, prit encore, dans le siècle suivant, une grande part aux événemens et à la marche générale de l’Europe, malgré l’inaction et la stérilité de son propre gouvernement. L’esprit de la nation suppléait au double inconvénient du pouvoir absolu et du défaut de lumières et de hardiesse dans le maniement de ce périlleux pouvoir. Par là s’explique comment la France, tout en manquant d’une politique ferme et suivie, avait par ses idées et par ses livres tant de crédit au loin. Elle aidait les autres peuples à tirer de leurs propres lois des conséquences nouvelles, et les poussait vers