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que peu de chose; il est probable cependant que, vu l’importance et le petit développement de ces forts, on en aura protégé les abords par un système de mines.

Mantoue a paru trop malsain et surtout trop éloigné des gorges du Tyrol par lesquelles l’armée qui défend l’Italie attend ses renforts et ses ravitaillemens : c’est Vérone, ville située à l’endroit même où l’Adige sort de ces gorges pour entrer dans la plaine, qui a été choisi pour servir de quartier-général à l’armée et de dépôt central pour ses munitions de toute sorte. Des travaux considérables y ont été faits, et malgré l’emploi économique de la main-d’œuvre militaire, la dépense était évaluée en 1848 à 18 millions; elle doit être d’au moins 25 millions en ce moment. Cette masse d’argent répandue dans le pays et les dépenses qu’occasionne la présence d’une forte garnison et d’un état-major nombreux ont déjà modifié les dispositions des habitans; ils sont en effet plus bienveillans pour l’Autriche à Vérone que dans aucune autre ville, et se mêlent plus volontiers aux militaires. Partout, sur les murs et dans les boutiques, on voit des annonces allemandes en aussi grand nombre qu’en italien, et les dialectes étrangers s’y mêlent à la langue nationale. Aussi une insurrection n’y est-elle guère probable, et c’est par un excès de précaution que l’on y a construit des casernes fermées et défendues contre la population. Vérone est d’ailleurs une ville importante : elle compte environ cinquante-cinq mille habitans, et conserve de beaux restes de la puissance des seigneurs de la Scala, qui la possédaient autrefois. On y voit de magnifiques antiquités romaines, attestant que de tout temps cette position redoutable a été occupée comme poste militaire. Une enceinte, due aux anciens ingénieurs italiens, a servi de base aux travaux récens, qui d’ailleurs ont tout à fait transformé la place, sur la rive droite de l’Adige surtout. On a élevé de ce côté, tout le long de l’ancienne muraille, huit bastions disposés d’après le système de Carnot, avec des contrescarpes non revêtues pour faciliter les sorties. Un fort très rapproché de la ville, celui de Saint-Procule, couvre l’entrée de la rivière dans la ville; le fort de Hess, un peu plus éloigné, en protège la sortie. De nombreux établissemens militaires existent à Vérone; mais, comme l’espace intérieur n’était pas suffisant pour contenir toutes les troupes que l’on pouvait avoir à y rassembler à un moment donné, on y a ajouté un camp retranché. Une vaste dépression de terrain, alluvion abandonnée par l’Adige dans le cours des siècles, a été entourée de fortes redoutes, espacées entre elles de 600 mètres environ, et qui ont reçu les noms-des généraux les plus marquans de la dernière guerre. Presque toutes ces redoutes ont la forme d’un trapèze, dont la grande base est tournée vers l’intérieur, et chacune