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LA GUERRE
ET
LES INTERETS EUROPEENS



Ce n’est plus dans les conseils de la diplomatie que les destinées italiennes s’agitent désormais. Le mouvement fatal des choses ramène au-delà des Alpes des armées qui se sont vues plus d’une fois en présence dans le cours de l’histoire, pour débattre une question qui est l’inépuisable tourment du monde, qui a eu souvent aussi la triste fortune de disparaître dans de plus vastes conflagrations dont elle finissait par n’être qu’un élément épisodique et sacrifié. L’Italie sera-t-elle indépendante et libre, ou restera-t-elle soumise à une domination envahissante qui ne s’est servie d’une légalité primitive et conventionnelle que pour s’étendre hors de toutes les limites du droit qui l’avait fondée, pour subordonner tout un système d’états à un intérêt de prépondérance étrangère et créer un foyer permanent de trouble ? Voilà le problème livré d’abord à toutes les discussions, à toutes les polémiques de l’opinion européenne passionnément remuée, et d’où est bientôt sorti un conflit dont l’effort de toutes les volontés pacifiques n’a pu avoir raison.

Tout a marché avec une redoutable et irrésistible logique. Il y a trois mois, la politique de l’Autriche et ses excès de prépondérance en Italie étaient seuls en cause ; en se portant en avant, il y a un mois, par le passage du Tessin, c’est l’Autriche elle-même qui a ouvert le combat, livrant ainsi au sort des armes non-seulement sa politique, mais encore ses droits de possession dans les provinces du nord de la