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LE
ROMAN REALISTE
EN ANGLETERRE

Adam Bede, by George Elliott, 3 vol. in-8o, W. Blackwood, Edinburgh and London 1859.



Le nom ou plutôt le pseudonyme de George Elliott n’est pas inconnu à nos lecteurs, et plusieurs se rappelleront sans doute l’ingénieuse étude consacrée ici même aux Scènes de la Vie cléricale[1], œuvre de début, croyons-nous, de l’écrivain aimable, subtil et sympathique, à qui la littérature anglaise doit son plus récent succès. L’auteur a tenu, et au-delà, toutes les promesses qu’avaient fait naître ces esquisses douloureusement charmantes et doucement attristées. Oh ! l’agréable et délicate lecture ! Cela n’était ni puissant, ni éclatant, ni dramatique ; cela n’ébranlait pas l’âme, mais la remplissait comme un parfum suave et pieux. Pas de sorcellerie d’éloquence, pas de tyrannie d’imagination : on n’était pas séduit, on était gagné ; on n’était pas ému, on était attendri. Une surtout m’avait particulièrement touché, celle où sont racontées les souffrances du révérend Amos Barton. Cette peinture est d’un art exquis, mis au service d’une intelligence charmante. Comme précision, minutieuse exactitude, sûreté de pinceau, elle égale les meilleurs tableaux hollandais et les meilleures scènes de genre de la littérature anglaise. Comme expression de sentiment, délicatesse

  1. Voyez la Revue du 15 mai 1858.