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très et de l’art. Quand un peuple possède des penseurs sérieux, il nous semble que les poètes et les romanciers ne doivent pas être loin, — aujourd’hui surtout que le roman, abandonnant la fantaisie pour l’étude de la vie réelle, devient une sorte d’interprétation qui laisse le champ libre aux facultés analytiques. Que ces essais d’observation morale se revêtent d’une forme et d’un style qui leur manquent encore trop souvent, et la Belgique pourra se créer une littérature nationale, car ces qualités dont nous réclamons la présence s’obtiennent surtout par la volonté et le travail personnel de l’écrivain. Or ce n’est ni la volonté ni l’énergie qui manquent à la nation belge.


EUGENE LATAIE.




Leçons élémentaires d’Anatomie et de Physiologie humaine et comparée, au point de vue de l’hygiène et de la production agricole, par M. Le docteur Auzoux[1].


Les sciences ont ce double bonheur en notre siècle, qu’elles se vulgarisent en même temps qu’elles se perfectionnent, qu’elles étendent leur empire en même temps qu’elles l’affermissent et le justifient chaque jour davantage. On sait quelles merveilleuses conquêtes la physique et la chimie ont faites sur le monde de la matière ; ce n’est pas le seul progrès qu’elles aient accompli : elles ont fait des conquêtes non moins remarquables dans le monde des intelligences ; elles sont devenues d’un usage général depuis qu’on leur a découvert une foule d’applications jusqu’alors inconnues. Du cabinet des savans de profession, elles sont descendues dans le domaine de tous : l’industrie et l’agriculture, autrefois asservies à la routine, ont fait appel à leurs trésors, et les mettent chaque jour à profit. Les autres branches des connaissances humaines peuvent aspirer aux mêmes avantages : l’anatomie et la physiologie, qui ont fait sous Bichat et ses successeurs de si précieuses découvertes, ont droit à se faire connaître et rechercher du public, qui les ignore. Les mettre à la portée du grand nombre, en propager les notions, en faire comprendre l’utilité variée, tel est le but que se propose M. le docteur Auzoux en publiant ses Leçons élémentaires. Déjà depuis longtemps il a rendu service aux sciences qu’il pratique par l’invention d’un procédé, aujourd’hui apprécié de tout le monde, qui permet d’étudier l’anatomie en échappant aux dégoûts de la dissection. Le livre qu’il vient d’achever est le complément indispensable de ses modèles ; il donne avec méthode l’explication de tous les phénomènes de la nature animale.

Quelle peut en être l’utilité ? dira-t-on. Et n’est-ce pas assez que les médecins et les naturalistes soient instruits de ces choses, sans qu’il faille en occuper les profanes ? — Le livre de M. Le docteur Auzoux se justifie de lui-même. N’eût-il pour but que de faire mieux connaître et mieux observer les règles de l’hygiène, en nous initiant aux lois de la respiration, de la circulation, de la digestion, et aux principales fonctions de la vie, il ne serait

  1. 1 vol. in-8o, Paris 1858.