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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 24.djvu/506

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réservés. Le régent devait en même temps remercier l’Italie centrale de ce vote nouveau, par lequel elle confirmait ses vœux antérieurs en faveur de l’annexion. M. Massimo d’Azeglio, nous disait-on, était même parti pour Florence, afin d’y préparer la réception du prince. On ajoutait, mais nous laissons à notre correspondant la responsabilité de cette information, que le roi de Sardaigne avait répondu à la lettre de l’empereur Napoléon, et que sa réponse, plus conforme aux vœux de l’Italie qu’aux conseils de la lettre impériale, serait probablement publiée par le Times. On nous écrivait encore que le roi de Sardaigne avait recommandé la prudence au général Garibaldi, mais que celui-ci, en assurant le roi de son dévouement, lui avait franchement déclaré qu’il tiendrait jusqu’au bout ses engagemens envers la cause italienne. Le roi et le général s’étaient du reste quittés dans les meilleurs termes. Quel changement le refus de la régence apportera-t-il dans ces dispositions ? Entre un refus catégorique ou une acceptation positive, la subtilité italienne est-elle parvenue, comme on l’assure, à trouver un terme moyen, qui, sans blesser la France, permettrait au Piémont de maintenir au profit de l’ordre son influence sur le mouvement de l’Italie centrale ? Ou bien ne faut-il plus compter désormais, pour la bonne conduite de la révolution, que sur l’ascendant qu’a pris sur elle ce chef populaire, Garibaldi, dont la figure grandit chaque jour, et qui vient d’éveiller un enthousiasme si caractéristique dans la vieille, mais toujours chaude tête de cet énergique tory qui se nomme lord Ellenborough ? Nous posons ces questions avec tristesse, mais non sans espérance.

Ce sera beaucoup si l’on peut gagner le congrès sans trouble et sans explosion en Italie. Sans doute, lorsque le congrès sera réuni, le caractère imposant de cette solennelle délibération européenne ouverte sur leurs destinées modérera et contiendra les impatiences des Italiens. Nous avons déjà remarqué, à propos des stipulations du traité, que la paix de Zurich laissait ouvert à la liberté d’action des grandes puissances un champ assez large pour que la réunion d’un congrès sur les affaires d’Italie fût possible. La circulaire de M. le comte Walewski, qui commente le traité avec beaucoup de lucidité, a aussi le mérite d’en présenter les conclusions avec une modération qui ménage habilement l’amour-propre des puissances appelées désormais à participer à l’arrangement de difficultés qui ont éclaté malgré elles et sans elles. Malheureusement il ne suffit pas que le traité de Zurich ait rendu un congrès possible et même nécessaire pour que le congrès se réunisse, et surtout pour qu’il se réunisse promptement. Comme on l’a observé justement, la mission ordinaire des congrès est de sanctionner des faits accomplis, ou de formuler des arrangemens déjà convenus d’avance : un congrès n’est pas le premier acte d’une négociation, il en est le dénoûment. Or ici les faits ne sont point accomplis, ou du moins on ne voit pas qu’on puisse encore leur reconnaître officiellement ce caractère. Entre les prétentions autrichiennes, les engagemens français et les principes anglais, il y a de tels désaccords qu’une longue négociation est nécessaire pour arrêter les résultats qui devront être consacrés en congrès. D’un côté donc, nous ne serons pas surpris si la lenteur des négociations préliminaires retarde la convocation du congrès, et de l’autre, nous ne pouvons nous dissimuler que, dans les circonstances présentes, chaque jour de retard est un péril nouveau pour