Eh bien ! adieu, vigne et forêt,
Jardin sans fleurs, soleil sans flamme !
Rentrons dans l’asile secret,
Et visitons enfin notre âme.
Adieu, jardin, vigne et forêt !
Adieu, jardin, vigne et forêt !
J’aperçois dans un monde immense,
Où la nature disparaît,
Tout un printemps qui recommence.
Adieu, jardin, vigne et forêt !
Novembre a mis, comme un suaire,
Sa longue robe de brouillards ;
Le soleil, dans les cieux blafards,
Semble une lampe mortuaire.
Les feuilles pendent en haillons
Au noir squelette de la vigne,
Et là-bas fument les sillons
Près de ces tombes qu’on aligne.
Le semeur, en grand appareil,
Donne au champ la façon dernière ;
Comme un mort promis au réveil,
Le grain est couché sous la terre.
Mais rien ne parle encor d’espoir ;
Tout s’endort et tout se recueille.
Il n’est resté ni fleur ni feuille ;
La terre est grise, le ciel noir.
Connais-tu ces buissons moroses ?
C’est l’aubépine et l’églantier.
Où sont les roses du sentier
Et les mains qui cueillaient ces roses ?