fisait d’obtenir la production rapide et facile d’une immense quantité de vapeur.
Le problème était désormais résolu dans toutes ses parties : d’un côté, par l’agrandissement de la surface de chauffe dans les chaudières tubulaires; de l’autre, par l’activité imprimée au tirage, que Stephenson obtenait en donnant issue dans la cheminée à la vapeur expulsée des cylindres où elle accomplit son travail. Ce double caractère est, on peut le dire, le trait fondamental de la locomotive; le reste n’est que détail mécanique. Ces conditions de succès se trouvaient pour la première fois combinées dans la machine soumise par Stephenson à l’examen des juges du concours, et Rocket, c’était le nom de cette locomotive, obtint le prix, que trois autres machines essayèrent à peine de lui disputer : à la stupéfaction générale, on la vit marcher par momens à la vitesse, alors incroyable, de 35 milles par heure. Il ne fut plus question de machines fixes, et bientôt le train d’inauguration parcourut la voie de Liverpool à Manchester. On vota des résolutions où l’on exalta l’habileté et l’infatigable persévérance de l’homme qui, peu de temps auparavant, était encore traité avec tant de dédain, et l’ancien ouvrier mineur prit tout d’un coup place au premier rang des ingénieurs et des inventeurs de son pays.
Si la cause des chemins de fer était gagnée, de grands travaux étaient encore nécessaires pour en améliorer le matériel. Stephenson s’y appliqua avec autant de patience que de sagacité. Il donna plus de rigidité à la voie, en augmentant le poids des rails, en les fixant les uns aux autres avec plus de soin. Les voitures à voyageurs n’avaient d’abord été construites que sur le modèle des lourds wagons de houille : il fallut en établir de plus commodes, douées à la fois de solidité et d’élasticité. Stephenson imagina le premier le mode de suspension actuel, ainsi que les ressorts destinés à amortir les chocs violens des voitures les unes contre les autres; il inventa un moyen pour lubrifier convenablement les essieux, désormais doués d’une vélocité extraordinaire, construisit des freins pour arrêter les trains en marche; mais l’objet principal de ses études était toujours la locomotive même, dont il s’efforça constamment d’augmenter la puissance et la stabilité.
Malgré l’éclatant succès obtenu par Stephenson, on continuait d’attaquer l’invention nouvelle; on parlait d’effroyables accidens, purement imaginaires. Le parlement, appelé à concerter des mesures pour le perfectionnement des voies de communication du royaume, feignit d’ignorer l’existence du chemin de fer de Manchester à Liverpool, et vota des sommes considérables pour l’amélioration des routes ordinaires. Le comité recommandait seulement l’essai des locomotives sur ces routes; on ne comprenait pas encore que