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de Prospero Colonna. Il ne voulut pas entrer dans cette ville et y prendre le commandement des troupes confédérées tant que respirerait encore le consommé capitaine à l’habileté duquel l’empereur son maître était si redevable, qui avait su conquérir le duché de Milan sur les Français et le défendre à deux reprises contre eux. Lorsque l’armée à la tête de laquelle il se plaça, et dont le duc de Bourbon[1] vint bientôt diriger les mouvemens, eut reçu le renfort des six mille lansquenets, elle compta dix mille Allemands, sept mille Espagnols, quatre mille Italiens, huit cents lances et huit cents chevau-légers, outre les cinq mille hommes de pied, Italiens et Espagnols, les cinq cents lances et les six cents chevau-légers qui étaient dans Pavie sous Antonio de Leyva et le marquis de Mantoue.

Dès ce moment, la guerre changea de face. Loin que les Français cherchassent à enlever aux impériaux le duché de Milan, les impériaux se mirent en mouvement pour expulser les Français de la partie du territoire lombard qu’ils occupaient encore. De défensive que jusque-là elle avait été pour les confédérés, la campagne devint offensive. Les Vénitiens, qui étaient demeurés inactifs tant qu’ils avaient cru les impériaux plus faibles, se décidèrent à les seconder dès qu’ils les jugèrent les plus forts. Ils ordonnèrent à leur général, le duc Jean d’Urbin, de passer l’Adda et de se joindre aux impériaux avec les six mille fantassins, les sept cents hommes d’armes et les cinq cents chevau-légers qu’il commandait. Les confédérés réunis, agissant avec ensemble, quoique placés sous tant de chefs, attaquèrent Bonnivet dans les diverses positions qu’il tenait encore, et au moyen d’adroites manœuvres, ainsi que par de hardis coups de main, ils le poussèrent hors de l’Italie.

Bonnivet s’était établi à Abbiate-Grasso, où il avait concentré son armée. Ses avant-postes, à l’est du Tessin, étaient à Robecco, lieu ouvert, malaisé à défendre, et que les impériaux, conduits par Pescara

  1. Le connétable avait écrit de Gênes, lorsqu’il allait partir pour la Lombardie et y agir comme lieutenant-général de l’empereur, au comte de Penthièvre, alors en Angleterre, de presser Henri VIII de faire une nouvelle descente en Picardie, ce qu’il avait demandé à Henri VIII lui-même (lettres du 18 janvier 1524. Mus. Britann. Nero B. VI, f. 52. — Vitellius B. VII, f. 26.) Il écrivit du camp impérial à Charles V, de concert avec Lannoy et Beaurain : « Serions d’avis que deussez requérir le seigneur roi d’Angleterre de descendre en personne le plus tost que faire se pourroit ou du moins envoyer une bonne armée, laquelle tînt le chemin que la dernière a fait, et que de votre part fissez tout votre effort du costé de Perpignan, que vinssez à Barcelone pour vous conduire selon les nouvelles que pourrez entendre, car s’il plaisoit à Dieu que de ce costé votre armée gagnast la bataille de laquelle sommes bien près ou que les Franssois se retirassent, nous marcherions droit par la Prouvensse vers Narbonne, et vous pourriez venir joindre avec votre armée, et seriez puissant assez pour en personne présenter la bataille au roy de France, et s’il ne la vouloit, pourriez venir droit à Lyon. » Lettre du 16 mars 1524. Arch. Imp. et roy. de Vienne.