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de la météorologie. Dans nos pays, il faut environ de dix à vingt jours au vent pour exécuter sa rotation tout entière. Un pareil phénomène ne peut, on le conçoit aisément, avoir une absolue rigueur : la flèche de la girouette est parfois soumise à des oscillations, et ne tourne pas invariablement du même côté ; mais au milieu de ces variations elle a un mouvement général que la loi de Dove exprime. Les rotations qui se font parfois dans le sens contraire à ce mouvement général, et qu’on pourrait nommer rétrogrades, n’atteignent jamais en ampleur les rotations directes. C’est ainsi qu’en observant la rose des vents pendant cinq années consécutives à Berlin, depuis 1831 jusqu’à 1835, on a trouvé qu’en moyenne, pour douze révolutions directes ou conformes à la loi de Dove, il n’y en avait que trois rétrogrades. La rotation ordinaire ne manqué donc jamais de s’accomplir malgré ces interruptions. On comprendra bien ce phénomène en le comparant à la marche d’un homme qui, pour parcourir une certaine distance, ferait quelques pas en avant, puis un pas en arrière, puis avancerait de nouveau, pour reculer encore d’une quantité moindre. Ces reculs ne l’empêcheraient point, à la longue, d’arriver au terme fixé : il s’agit simplement pour lui de faire plus de pas vers son but qu’en sens contraire. À la réunion de l’association britannique pour l’avancement des sciences qui eut lieu à Glasgow au mois de septembre 1855, en rendant compte des travaux de l’observatoire météorologique de Liverpool, on montra que de 1852 à 1855 il y avait eu en moyenne vingt-cinq révolutions directes des vents dans cette ville sur neuf révolutions rétrogrades : la différence était donc égale à seize, c’est-à-dire que la flèche de la girouette était revenue seize fois à sa place première après s’être tournée vers tous les points de l’horizon. À l’observatoire de Greenwich, des observations faites pendant quatorze années, de 1842 à 1855, montrent qu’en moyenne la girouette revint treize fois par année, après des tours entiers, à la place occupée par elle au 1er janvier. À Bruxelles, ce chiffre s’est élevé à quatorze en moyenne, d’après M. Quételet, depuis 1842 jusqu’à 1846. Ces chiffres sont assez peu différens à Liverpool, à Bruxelles, à Berlin, et je pourrais même ajouter en Russie, car des observations faites à Kharkof par M. Lapshine montrent que l’excès des révolutions directes sur les révolutions rétrogrades s’y est élevé à quinze pendant les années 1845-1849. Ce fait important prouve que le régime des vents, si l’on pouvait employer ce mot, est à peu près le même partout, et que les effets s’en font sentir d’une manière assez uniforme sur des zones terrestres d’une très grande étendue.

Les gens de mer se sont toujours défiés à bon droit des mouvemens du vent qui s’opèrent en sens rétrograde ; quand le vent passe de