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un nouvel indice d’une origine marine ? La salure des sables du Sahara et du Gobi, des sables et du limon de la Mer-Caspienne, de la Mer-Morte, les efflorescences salines des plaines de l’Euphrate et des immenses llanos et pampas de l’Amérique du Sud, viennent encore à l’appui du séjour récent des mers dans notre hémisphère ou dans les parties émergées de l’hémisphère opposé. Peut-être a-t-on poussé un peu loin la considération des lacs en faveur de l’hypothèse de M. Adhémar ; plusieurs de ces grands réservoirs liquides sont évidemment des cratères d’effondrement ; ils sont dus à des affaissemens et à des actions volcaniques dont il est possible qu’on ait exagéré les effets, mais dont on ne saurait méconnaître l’intervention. Quoi qu’il en soit, il est certain que l’hémisphère austral a bien l’aspect d’une terre inondée ; mais comment l’immense nappe d’eau qui le recouvre ne vient-elle pas se répandre sur les continens de l’hémisphère opposé ? La cause, suivant M. Adhémar, en est due à l’attraction. « En effet, écrit-il, les eaux, par leur fluidité, obéissent toujours aux lois de la pesanteur ; elles coulent sans interruption jusqu’à ce qu’elles soient arrivées au point le plus bas de la surface sur laquelle elles se meuvent. Or le point le plus bas sur une sphère est celui qui est le plus près du centre de gravité, ou, ce qui revient au même, dont le centre de gravité s’est le plus approché. Il doit donc exister une force qui attire le centre de gravité de la sphère fluide vers le pôle austral, et si cette force venait à se déplacer dans son mode d’action, il en résulterait un déplacement des eaux, un déluge. »

Une fois le principe établi, le mathématicien français a dû chercher la cause de cette attraction exercée par le pôle austral, et il la trouve dans l’énorme accumulation de glaces qui a lieu tout alentour. Jusqu’à présent, on avait cru pouvoir expliquer l’abondance de la glacière australe par la plus grande étendue des eaux dans l’hémisphère où elle se produit. M. Adhémar soutient qu’on a pris l’effet pour la cause, car autrement on ne saurait s’expliquer comment le centre de gravité d’une pareille masse liquide se tient à une si grande distance du centre de gravité de la terre ; on ne s’expliquerait pas davantage pourquoi cette masse s’est plusieurs fois déplacée aux anciennes époques géologiques. Si l’on répond que ce sont là les effets des soulèvemens accusés par la direction des différens systèmes de montagnes, l’auteur de la nouvelle théorie demande quelle est la puissance qui maintient un poids aussi considérable au-dessus de l’immense cavité qui a dû se former en dessous ; mais M. Adhémar ne tient pas compte des changemens chimiques qui ont dû s’opérer dans la constitution des roches et des retraits, et des tassemens qui en ont pu résulter. Suivant une opinion proposée