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sûre des relations mutuelles, la charte des devoirs et des droits réciproques. Il faut de plus, puisque les lois ne sont rien sans les mœurs, que chacun des deux pays apporte dans l’union de la condescendance et de la libéralité. Nous avons la conviction que l’une et l’autre exigence peuvent être satisfaites. L’union ne saurait subsister, cela est sûr, mal fixée comme elle l’est aujourd’hui, engendrant de continuelles difficultés, qui mettent obstacle à tout progrès dans la législation douanière, dans l’échange des communications, dans toutes les questions industrielles et commerciales où se trouve engagé l’intérêt le plus pressant des deux royaumes. Puisque la Norvège tient à l’union, elle ne s’opposera donc pas à une révision du pacte, et de plus elle y apportera de la bonne volonté. La Suède elle-même a témoigné dès longtemps d’une grande mansuétude dans cette affaire ; elle témoigne aujourd’hui d’une véritable intelligence de la question en travaillant par des essais pratiques à diminuer la distance qui la sépare de la Norvège au point de vue du libéralisme des institutions ; la diète suédoise vient de discuter certaines propositions ayant pour but d’arriver à une réforme de la représentation, et c’est un bon signe pour un prochain avenir.

En présence de la question qui vient de préoccuper les esprits en Scandinavie, nos vœux, conformes, nous le croyons, aux vœux bien entendus de l’Europe, sont partagés. La Norvège nous rendra la justice de reconnaître que nous avons applaudi à sa précoce virilité : elle a donné, par sa vive préoccupation de là liberté politique, un noble et utile exemple ; mais la Suède, elle aussi, a fait dans les derniers temps de généreux efforts, suivis de succès, dans la même voie. Elle ne mérite pas de trouver dans l’état de choses inauguré en 1814 une cause d’affaiblissement. L’Europe enfin a besoin d’une Scandinavie intimement unie et forte ; elle demande ce résultat à l’autorité morale que confèrent dans le passé des actes glorieux, dans le présent une modération libérale, aux souverains de Suède et de Norvège. e. forcade.




ESSAIS ET NOTICES.

LA PRINCESSE DACHKOF.

Rulhière et, tous les biographes venus servilement à sa suite ont représenté la princesse Dachkof comme une femme d’une conduite équivoque, d’abord amie intime de Catherine II par intérêt, puis devenue par dépit son adversaire acharnée. Ils l’ont mêlée, presque sans réserve, à tous les désordres de son époque. Elle avait au contraire un cœur généreux, un esprit