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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/499

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que. Les Allemands apportent dans leurs préoccupations à l’égard de l’étranger une mauvaise humeur, qu’ils feraient mieux peut-être de tourner sur les justes griefs que leur fournit l’imperfection de leur constitution fédérale. L’association nationale qui s’était formée l’armée dernière pour agiter la question de la réforme fédérale n’a pas obtenu dans la confédération les succès qu’elle se promettait à l’origine. Cette association vient de se réunir sans grand éclat à Cobourg. Il résulte du rapport qui a été lu à l’assemblée que l’association ne compte que cinq mille membres dans une nation de plus de quarante millions d’âmes. De ces cinq mille trois ou quatre cents seulement ont assisté à la réunion de Cobourg. Les coryphées du parti de Gotha étaient absens. Le parti démocratique lui-même, à quelques exceptions près, parmi lesquelles il faut mentionner M. de Benningsen, président de l’association et chef de l’opposition dans le parlement hanovrien, était médiocrement représenté. Les questions intérieures n’ont pas donné lieu à des discussions vraiment intéressantes ; et il ne s’y est pas révélé un accord de vues édifiant. La question italienne a naturellement provoqué des débats plus longs et plus intéressans. Le comité proposait d’exprimer l’intention de défendre l’intégrité du sol fédéral, mais de déclarer en même temps que l’Allemagne n’a point le droit de soutenir l’Autriche dans la Vénétie. On devait enfin donner un témoignage de sympathie au mouvement libéral et unitaire de l’Italie. Cette proposition a soulevé des objections en sens contraire. Des adversaires de l’Autriche en trouvaient les termes trop modérés : ils voulaient que l’on votât pour la neutralité de l’Allemagne même dans l’hypothèse d’une nouvelle intervention de la France dans les affaires italiennes ; ils soutenaient qu’une alliance avec l’Italie une et indépendante était pour l’Allemagne une garantie préférable à la ligne du Mincio. Cette opinion n’a malheureusement rallié que quelques démocrates berlinois. Les autres adversaires de la proposition du comité, beaucoup plus nombreux, soutenaient qu’il y avait un intérêt non-seulement autrichien, mais allemand, dans la question vénitienne, et que nulle part, sauf en Allemagne, on ne songeait à sacrifier des provinces entières par pure sympathie pour une nation étrangère. Cette opinion a été chaleureusement défendue non-seulement par des Allemands du sud, mais par dès Allemands du nord, et entre autres par le président lui-même de l’association, M. de Benningsen. La scission a été tellement vive entre les membres de la réunion, que le comité a dû retirer sa proposition. M. La Farina, président de l’association nationale italienne, avait adressé à l’assemblée une lettre à laquelle M. de Benningsen a été chargé de répondre. « Si les Italiens, dit-il dans cette réponse, tiennent à conserver et à voir se fortifier les sympathies de l’Allemagne pour leur cause, il est pour eux un pressant devoir : qu’ils fassent en sorte que le mouvement italien, dans ses nouveaux progrès, ne blesse pas les intérêts essentiels du peuple allemand et de la politique allemande, et n’amène pas entre les deux peuples de déplorables conflits. Vous avez pu vous convaincre dans ces derniers mois, par les manifestations de l’esprit public,