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nous-mêmes. Les seconds sont pour ainsi dire des cabinets d’histoire naturelle où sont admirablement conservés les représentant de la faune des Pharaons. Sur ce point, les recherches les plus modernes n’ont fait que confirmer les conclusions tirées par Geoffroy Saint-Hilaire de ses longues études dans les nécropoles de Thèbes, et que Lacépède résumait ainsi dans un rapport demeuré célèbre : « Il résulte de cette partie de la collection du citoyen Geoffroy que ces animaux sont parfaitement semblables à ceux d’aujourd’hui. »

Grâce à la résistance que présentent le squelette et les coquilles, les animaux ont laissé dans les terrains quaternaires des restes faciles à étudier et à reconnaître en plus grande quantité que les végétaux. Les brèches osseuses, les cavernes à ossemens, aussi bien que les sables et les alluvions ont conservé un grand nombre d’espèces que la paléontologie a su distinguer et comparer aux espèces existantes. Or les résultats de ce rapprochement sont très importans. Dans un remarquable travail sur les cavernes, M. Desnoyers a résumé tous les faits principaux recueillis touchant les mammifères contemporains de l’époque dont nous parlons. Les espèces en sont fort nombreuses et se partagent naturellement en trois groupes. Dans le premier se placent celles que leurs caractères séparent nettement des espèces actuelles, qui par conséquent ont disparu ou bien se sont modifiées de manière à devenir méconnaissables par suite des révolutions géologiques. Au second appartiennent les espèces qui se retrouvent dans la faune actuelle, mais qui ne vivent aujourd’hui que dans des contrées plus ou moins éloignées de celles où l’on a découvert leurs restes fossiles, qui par conséquent semblent avoir émigré à la suite des mêmes révolutions. Le troisième groupe se compose d’espèces identiques à celles qui vivent aujourd’hui encore dans les mêmes lieux et qui par conséquent ont résisté sans modification aux mêmes cataclysmes. Dans les trois groupes, on rencontre parfois le même genre représenté par des espèces distinctes. Ces espèces ont donc été contemporaines, et quelle que soit l’opinion que l’on adopte, il faut reconnaître que l’action exercée sur elles par la modification du milieu a été bien différente.

L’histoire des animaux inférieurs, celle des mollusques et des zoophytes, présente des faits tout pareils. À vouloir citer de nombreux exemples, nous n’aurions que l’embarras du choix. Bornons-nous à indiquer les résultats recueillis par M. Agassiz lors de son exploration des côtes de la Floride. On sait que certains zoophytes des mers tropicales vivent en familles innombrables sur certains points circonscrits, et que leurs générations successives, superposant sans cesse les polypiers calcaires habités par ces petits êtres, finissent par élever d’abord au niveau des vagues, puis jusqu’au-dessus des