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L’EMPOISSONNEMENT
DES EAUX DOUCES

LES POISSONS SEDENTAIRES ET LES POISSONS VOYAGEURS. - PRODUCTION, ELEVE ET ACCLIMATATION DES ESPECES. - POLICE DE LA PÊCHE.

« J’ai toujours considéré le progrès des sciences naturelles comme la base la plus solide et la plus féconde qui puisse être donnée à l’amélioration de la condition de l’humanité… » Telles sont les paroles que prononçait Cuvier en commençant le dernier cours qu’il ait fait au Collège de France ; elles ne sauraient être déplacées au début d’une étude qui doit en faire ressortir la justesse. L’éloquent interprète des sciences naturelles, les prenant à leur berceau et les conduisant jusqu’à nos jours, semblait faire ainsi l’histoire de la civilisation elle-même, et à la grandeur animée de ses tableaux, à la profondeur de ses aperçus sur le passé, l’imagination exaltée de ses auditeurs croyait souvent entrevoir un avenir de prospérités sans limites. Vingt-neuf ans ne se sont pas écoulés depuis que cette voix puissante s’est éteinte, et, pour ne citer qu’un exemple du progrès qu’a fait dans ce court intervalle l’asservissement des forces de la nature à la volonté de l’homme, nous avons appris d’Ampère à transmettre la pensée de ville à ville, d’état à état, avec la rapidité de la lumière du soleil ; mais, tandis que se font d’un côté des pas de géant, d’autres régions de notre domaine, et des plus rapprochées de nous restent à demi explorées. Telle est l’ichthyologie. L’œuvre la plus considérable de notre temps sur ce vaste sujet est