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qu’il projetait de faire encore, et qui vont enfîn passer dans nos mains. C’est donc comme une heureuse nouvelle que les amis de la science ont accueilli l’annonce d’une édition générale des œuvres de Leibniz, qu’il entendait rectifier et compléter à l’aide des originaux. Rien ne paraît manquer à M. Foucher de Careil pour accomplir avec succès cette importante entreprise, ni l’étude, ni le zèle, ni la persévérance, ni cet amour éclairé et désintéressé de la philosophie sans lequel on ne fait rien de difficile et de sérieux pour elle. Quant à l’intelligence de Leibniz, nul n’en a plus fait preuve que l’éditeur et l’annotateur de deux recueils successifs de ses œuvres inédites, que l’auteur couronné par l’Institut d’un mémoire sur la philosophie de Leibniz, rempli de vues ingénieuses et de curieuses informations. Après trois séjours, dont le dernier fut de huit mois, dans la ville où mourut Leibniz, il s’est cru assez familier avec les ; armoires et les casiers de la salle consacrée aux reliquiœ de ce laborieux génie pour s’assurer que rien ne lui échapperait de ce qu’avaient négligé ses prédécesseurs, et, combinant ses collections propres avec les publications des Erdmann, des Gurhauer, des Grotefend, des Römmel, il a préparé, d’après les manuscrits, une édition complète des œuvres de Leibniz.


I

Le premier volume des Œuvres de Leibniz est assurément fort intéressant. La préface nous donne une idée des recherches qu’il a coûtées. Une introduction élégante contient sur les lettres qui la suivent, sur les circonstances qui les ont fait naître, sur les matières qui y sont traitées, d’exacts et nouveaux renseignemens. Ainsi nous apprenons que dans un monceau de papiers ficelés comme des paquets de rebut, avec cette mention peu encourageante : Nicht würdige (bons à rien), le nouvel éditeur a trouvé mêlées à des œuvres de mathématiques les lettres originales de Bossuet à Leibniz avec les réponses de ce dernier. Une fois, sur la piste, il a poursuivi ses investigations dans le même sens, et quatre autres liasses non cataloguées, ainsi que les dix-neuf volumes de manuscrits classés sous le titre de Théologica et Irenica, l’ont mis en possession de toutes les pièces propres à servir à l’histoire des négociations religieuses entre la cour de Hanovre et les principales cours d’Allemagne, négociations dont la correspondance entre Leibniz et Bossuet fut la suite et pour nous l’épisode le plus intéressant. Et telle est en effet la matière du volume qu’on vient de publier, et de celui qui le continue. Le premier consiste presque tout entier en correspondance,