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et contient toute la première partie de celle que Leibniz entretint pour ménager la conciliation des églises catholiques et protestantes : peu de questions offrent assurément plus d’intérêt, et ce point de l’histoire du christianisme nous paraît ici éclairé d’une lumière toute nouvelle ; mais avant de suivre M. Foucher de Careil dans l’exposé qu’il en donne, et d’esquisser, grâce à lui, l’idée qui nous reste d’une négociation, plus célèbre que connue, qu’il nous permette une observation qui, à notre vif regret, peut ressembler à une critique.

Il s’agit des œuvres de Leibniz. Pourquoi l’habile éditeur a-t-il commencé par ses lettres, et parmi ses lettres, pourquoi par celles qui sont relatives à la paix des religions ? Il ne nous l’explique pas. Il nous fait soigneusement connaître les sources où il a dû puiser ; il indique ses recherches, ses autorités, ses prédécesseurs. Nous voyons que son travail a été étendu, nous savons qu’il a été consciencieux et intelligent ; mais de l’ordre de ce travail, nous n’apprenons rien. Quand on ouvre un premier volume de Leibniz, on ne s’attend pas, ce semble, à trouver tout d’abord sa correspondance et à la commencer par une lettre qu’il a écrite à l’âge de trente-deux ans. On n’est pas prêt davantage à connaître d’abord dans Leibniz le théologien. Il peut y avoir des raisons de procéder ainsi, mais nous voudrions les apprendre. L’éditeur a pu adopter l’idée d’intercaler tous les écrits de Leibniz dans sa correspondance, et de mêler ses lettres et ses ouvrages pour expliquer les unes par les autres. Ce système admis, il aura dû renoncer à l’ordre chronologique, qui cependant est de beaucoup le meilleur à suivre dans une collection épistolaire, et diviser par matières les séries de lettres rangées ensuite par les dates dans chaque compartiment. Ce classement a ses avantages avec d’assez grands inconvéniens ; mais on l’approuverait qu’on se demanderait encore pourquoi la correspondance relative à la diplomatie théologique occuperait le premier rang. Ce n’est point par là que Leibniz a débuté. Ce qui même lui a donné le droit et l’occasion d’intervenir dans ces épineuses discussions, c’est l’autorité et l’importance qu’il devait à d’autres travaux, et dans les lettres mêmes ou il discute des symboles et des conciles, il revient souvent à ses recherches historiques, à ses opinions et à ses découvertes en métaphysique, en géométrie, en dynamique. Assurément, si l’on faisait connaissance avec Leibniz par ce premier volume, on comprendrait peu à qui l’on aurait affaire, et l’on se demanderait quel est ce personnage qui traite avec Bossuet sur un pied d’égalité. Il nous semble qu’un éditeur aussi compétent nous devait compte de la manière dont il a conçu son travail, et, jusqu’à preuve contraire, nous trouvons un peu trop arbitraire l’ordonnance de sa publication ; nous avouons même ne la point concevoir. Cela dit, nous