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LA
CRISE DU PROTESTANTISME

Essays and Reviews, 8th edition, London 1861

Savez-vous ce qui préoccupe et passionne l’Angleterre en ce moment ? Ce ne sont ni les canons Armstrong, ni les frégates blindées, ni les affaires de la Chine, ni celles du Liban ; ce n’est ni le budget, ni la famine de l’Inde ; ce n’est pas même Garibaldi, pas même la question du coton : c’est un volume dont le titre anodin, Essaie et Revues, ne faisait guère présager les tempêtes qu’il a soulevées. Il est vrai qu’il s’agissait de théologie et que les questions de cet ordre ont le privilège d’enflammer nos flegmatiques voisins.

Il y a un an à peine que le livre a paru, et il en a été vendu plus de quinze mille exemplaires. Une édition entière s’est trouvée placée avant d’avoir été mise en vente. Les États-Unis se sont empressés de réimprimer l’ouvrage. On publie, on annonce une foule de réfutations ; partout se signent des adresses pour dénoncer l’écrit coupable aux autorités ecclésiastiques et leur demander vengeance. Ce n’est pas tout cependant ; l’Angleterre a son parlement religieux, et ce parlement vient à son tour de se prononcer. Tous nos lecteurs ne savent peut-être pas ce que c’est que les convocations ; on appelle ainsi les assemblées des deux provinces ecclésiastiques d’York et de Cantorbéry. Les pouvoirs de ces corps, de tout temps fort limités, sont devenus à peu près nuls depuis que le clergé a renoncé au droit de s’imposer lui-même. Il en a été là comme partout : celui qui tient la bourse tient l’autorité. Les convocations ne s’en réunissent pas