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1860 le chiffre énorme de 2 milliards 33 millions, représentant une augmentation de 825 millions sur l’année 1859.

La caisse de service, au moyen de l’ouverture des comptes courans, a contribué à populariser en France l’usage du dépôt avec intérêt et de la circulation du chèque ou reçu qui règle en Angleterre toutes les transactions. Au lieu de conserver improductif un capital plus ou moins élevé, destiné à solder même les dépenses de la consommation journalière, nombre de propriétaires et de rentiers ont déjà contracté chez nous l’habitude de déposer dans de grands établissemens publics, tels que le Crédit foncier, le Crédit mobilier, la société de Crédit commercial et industriel, les sommes qui proviennent de leurs revenus fixes ou éventuels, et de délivrer à leurs fournisseurs, à leurs créanciers de tout genre, des chèques ou reçus au porteur que ces établissemens acquittent à présentation. Il n’est pas nécessaire de faire comprendre l’utilité de semblables mesures : plus les dépôts seront multipliés, moins il restera de capital improductif. Toutefois l’emploi des chèques cause souvent à celui qui les reçoit une perte de temps pour en aller toucher le montant, et lui inspire une juste défiance par la crainte des contrefaçons ou de la perte du chèque lui-même. Il faudra faire un pas de plus dans l’industrie des banques. On verra sans aucun doute se créer chez nous les claring houses de la Cité de Londres, destinés à l’échange des chèques entre banquiers à des heures déterminées. L’usage du virement des chèques et des chèques barrés suivra inévitablement l’usage du chèque lui-même et l’habitude du dépôt[1].

Quant à ce qui concerne les encouragemens aux travaux de drainage, on peut dire que l’insuccès est entier. En deux années, le Crédit foncier n’a réalisé que vingt-quatre prêts, pour une somme de 423,000 fr. On ne doit pas attendre non plus de bien grands résultats de l’extension des opérations de la société à l’Algérie : non point que les besoins n’y soient très grands et les demandes d’emprunt nombreuses ; mais le Crédit foncier ne peut dépasser en Algérie 5 pour 100 de la totalité des prêts effectués en France ; ses prêts seront d’ailleurs effectués en numéraire, et ils ne seront consentis que pour trente ans au maximum, moyennant une annuité de 10 pour 100, comprenant, outre les frais d’amortissement et d’administration, 8 pour 100 d’intérêt. Puisqu’au taux actuel de l’intérêt en Algérie, qui est d’environ 10 pour 100, l’absence du numéraire y constitue le principal obstacle aux progrès matériels, il n’est pas présumable

  1. Les améliorations à introduire dans notre organisation et nos habitudes financières ont été signalées avec beaucoup de clarté dans un opuscule que l’on croit pouvoir recommander ici : Mémoire sur la nécessité d’introduire en France les banques de dépôts, les chèques et les viremens de chèques, par M. Jules Lechevalier.