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GORSKI.

C’est possible ! Mais l’on vient… Aux armes !… Je compte sur ta discrétion ?…

MOUKHINE.

Oh ! naturellement.

GORSKI.

Voici Mlle Bienaimé, toujours la première… forcément ; le thé l’attend. (Mademoiselle Bienaimé entre. Moukhine se lève et la salue. Gorski s’approche d’elle.) Mademoiselle, j’ai l’honneur de vous saluer. Toujours fraîche comme une rose !

MADEMOISELLE BIENAIMÉ, minaudant.

Et vous toujours galant. Venez, j’ai quelque chose à vous dire. (Tous les deux entrent dans la salle à manger.)

MOUKHINE, seul.

L’étrange garçon que ce Gorski ! Qui donc le priait de me prendre pour confident ? (se promenant de long en large.) Ma foi, j’avais bien besoin de venir ici ! SI je pouvais… (Entre Vera Nicolaevna. Elle est en robe blanche et tient une rose à la main. Moukhine se retourne et salue avec embarras. Vera s’arrête indécise.) Vous,… vous ne me reconnaissez pas,… je…

VERA.

Ah ! monsieur,… monsieur Moukhine. Je ne m’attendais pas vraiment… Et quand êtes-vous arrivé ?

MOUKHINE.

Cette nuit… Imaginez-vous que mon postillon…

VERA.

Ma mère sera très heureuse. J’espère que vous nous restez… (Elle regarde autour d’elle.)

MOUKHINE.

Peut-être cherchez-vous Gorski ?… Il vient de sortir.

VERA.

Qui vous fait croire que je cherche M. Gorski ?

MOUKHINE.

Je… je pensais…

VERA.

Vous vous connaissez ?

MOUKHINE.

Depuis longtemps. Nous avons servi ensemble.

VERA, se dirigeant vers la fenêtre.

Quelle ravissante matinée !

MOUKHINE.

Vous venez déjà du jardin ?

VERA.

Oui, je me suis levée de bonne heure.

MOUKHINE.

Cette rose ?… Permettez-moi une question… Pour qui l’avez-vous cueillie ?

VERA.

Pour qui ? Pour moi-même.