C’est possible ! Mais l’on vient… Aux armes !… Je compte sur ta discrétion ?…
Oh ! naturellement.
Voici Mlle Bienaimé, toujours la première… forcément ; le thé l’attend. (Mademoiselle Bienaimé entre. Moukhine se lève et la salue. Gorski s’approche d’elle.) Mademoiselle, j’ai l’honneur de vous saluer. Toujours fraîche comme une rose !
Et vous toujours galant. Venez, j’ai quelque chose à vous dire. (Tous les deux entrent dans la salle à manger.)
L’étrange garçon que ce Gorski ! Qui donc le priait de me prendre pour confident ? (se promenant de long en large.) Ma foi, j’avais bien besoin de venir ici ! SI je pouvais… (Entre Vera Nicolaevna. Elle est en robe blanche et tient une rose à la main. Moukhine se retourne et salue avec embarras. Vera s’arrête indécise.) Vous,… vous ne me reconnaissez pas,… je…
Ah ! monsieur,… monsieur Moukhine. Je ne m’attendais pas vraiment… Et quand êtes-vous arrivé ?
Cette nuit… Imaginez-vous que mon postillon…
Ma mère sera très heureuse. J’espère que vous nous restez… (Elle regarde autour d’elle.)
Peut-être cherchez-vous Gorski ?… Il vient de sortir.
Qui vous fait croire que je cherche M. Gorski ?
Je… je pensais…
Vous vous connaissez ?
Depuis longtemps. Nous avons servi ensemble.
Quelle ravissante matinée !
Vous venez déjà du jardin ?
Oui, je me suis levée de bonne heure.
Cette rose ?… Permettez-moi une question… Pour qui l’avez-vous cueillie ?
Pour qui ? Pour moi-même.