Ah !
Veux-tu du thé, Moukhine ? (Apercevant Vera.) Bonjour, Vera Nicolaevna.
Bonjour.
Le thé est servi ? Eh bien ! je vais déjeuner. (Il se dirige vers la salle à manger.)
Vera Nicolaevna, donnez-moi donc votre main… (Elle lui tend la main en silence.) Qu’avez-vous ?
Dites-moi, Eugène Andréitch, votre ami Moukhine est-il bête ?
Je n’en sais rien… Il passe pour un homme intelligent… Mais quelle question !…
Êtes-vous très lié avec lui ?
Je le connais… Qu’est-ce qu’il peut donc ?… Est-il ?…
Rien,… rien,… je ne sais…
Je vois que vous êtes déjà sortie ce matin.
Oui… M. Moukhine m’a déjà demandé pour qui j’avais cueilli cette rose.
Et que lui avez-vous répondu ?
Que c’était pour moi-même.
Et l’avez-vous réellement cueillie pour vous-même ?
Non, pour vous. Vous voyez que je suis franche.
Donnez-la-moi alors.
Je n’ose plus vous la donner à présent. Me voilà forcée de la mettre à ma ceinture ou de l’offrir à Mlle Bienaimé. C’est votre faute. Pourquoi n’êtes-vous pas descendu le premier ?
C’est insupportable, Moukhine…
Gorski, vous jouez au plus fin avec moi. Je vous le prouverai plus tard… Maintenant allons déjeuner.