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à la légation britannique, se chargea de porter le 22 août au camp des rebelles la notification suivante :


« Aux chefs des bandes armées occupant Sou-tchao, Sang-kiang, etc. Des avis nous étant parvenus du rassemblement de bandes armées dans le voisinage de Shang-haï, nous, les commandans des forces militaires et navales de sa majesté l’empereur des Français et de la reine de la Grande-Bretagne, faisons savoir par la présente que la ville de Shang-haï et les établissemens étrangers y attenant sont occupés militairement par les forces de sa majesté l’empereur des Français et de son alliée la reine de la Grande-Bretagne. Les commandans avertissent en conséquence tous ceux que cela peut concerner que, si des partis armés quelconques viennent attaquer les positions occupées par eux, ils seront considérés comme ennemis par les forces alliées et traités en conséquence. »


La réponse du chef insurgé ne se fit pas attendre ; elle était ainsi conçue :


« Lih, commissaire impérial du souverain qui règne par la volonté expresse du ciel, publie la présente notification :

« Les temps fixés pour la domination des Tsing[1] étant accomplis, le Seigneur vraiment sacré a été envoyé dans le monde pour le sauver. J’ai eu l’honneur de recevoir ses commandemens, afin d’accomplir l’œuvre céleste en punissant les crimes de la dynastie déchue, et depuis le moment où j’ai pris les armes pour la cause du droit dans le Kouang-si, je n’ai jamais livré bataille sans être vainqueur, ni attaqué une ville sans m’en emparer. Il n’y a que peu de temps, lorsque nos armées ont pris possession de Sou-tchao, vos compatriotes sont venus maintes fois et nous ont pressés de nous rendre à Shang-haï pour y discuter personnellement diverses matières concernant le commerce étranger. Je suis donc venu ici, après avoir pris Sang-kiang, non pas pour chercher le combat et pour me mesurer avec les forces des nations étrangères, mais pour leur offrir un traité de commerce, et maintenant que je viens de parcourir la communication qui m’a été remise, je suis on ne peut plus surpris de l’extravagante perversité du langage qu’on m’y tient.

« Je vous prie de bien remarquer que je commande à de nombreux officiers, que j’ai sous mes ordres une armée immense, et qu’il m’est facile d’effectuer en un clin d’œil l’anéantissement d’une ville aussi parfaitement insignifiante que Shang-haï. Si donc je défends à mes soldats de tirer l’épée, ce ne peut être que par un sentiment de conciliation et en considération de nos communes croyances. Si je permettais seulement une démonstration hostile, vous verriez les membres des mêmes familles se ruer les uns contre les autres, comme pour attester à vos regards la ridicule impuissance de la dynastie des Tsing. Vous êtes à présent en guerre ouverte avec cette dynastie, et vous ne pouvez pas avoir oublié la trahison de Tien-tsin. Nous

  1. La dynastie mandchoue.