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monde d’honneurs incomparables et dans l’autre d’une félicité éternelle[1]. »

Par une autre proclamation publiée l’année suivante, il promet à ses partisans d’en faire des ducs, des comtes et des marquis ; s’ils obéissent aux commandemens du grand Dieu, il leur donne l’assurance qu’ils parviendront au ciel après leur mort et qu’ils y habiteront des palais dorés. Là, ajoute-t-il, les plus humbles sont vêtus de soie et de satin : les hommes portent des robes ornées de dragons, les femmes sont parées de fleurs éclatantes[2]. À ces faiblesses complaisantes du roi céleste pour les vices de ses nationaux et pour leurs instincts de vanité puérile, il convient cependant d’opposer des maximes plus élevées et plus pures, qui ont fait l’ornement de sa doctrine, l’orgueil et l’espoir de ses admirateurs.


« Avant que les hommes fussent créés, est-il dit dans un traité évidemment écrit sous son inspiration, — l’Ode de la dynastie Taï-ping, — leurs âmes habitaient le ciel. » — « La vertu tire son origine du ciel, — elle est la nature originelle de l’homme, — c’est elle qui le distingue de la brute ; — il la développe par la perfection, elle en fait un être admirable à toutes les époques de sa vie et le ramène au ciel, sa patrie. — La vertu dompte la violence et impose silence aux flatteurs. »

« Que vos actions soient droites et vos motifs sincères. — Que le savant instruise l’ignorant, sans le faire rougir de son ignorance ; que les supérieurs demandent conseil à leurs inférieurs, et n’oublient jamais que ceux-ci peuvent être élevés un jour au rang qu’ils occupent. — Lorsqu’un fonctionnaire rentre dans la vie privée, il doit cacher sa gloire dans l’obscurité.

« Dieu a donné à l’homme un esprit intelligent, afin que cet esprit contrôlât le corps. Lorsque l’esprit est droit, il devient le vrai régulateur auquel obéissent les sens et les membres. — Que mon œil soit vertueux ! — Que mon oreille soit ouverte aux discours du sage, fermée aux conseils pervers, et de cette façon je deviendrai intelligent. — Je couperai celle de mes mains qui aura mal fait. — Mes pieds marcheront dans la voie droite et la suivront toujours.

« Le bonheur d’une famille dépend de l’harmonie et de l’union qui règnent parmi ses membres. — Que les fils considèrent l’obéissance à leurs parens comme leur principal devoir ! — Que le père soit sévère, mais surtout qu’il soit juste ! — La mère distribuera également son affection à ses enfans, et elle se gardera de partialité. — Les frères aînés instruiront leurs jeunes frères ; ils se rappelleront que le même sang coule dans leurs veines, et ce souvenir les rendra indulgens pour leurs fautes. — Les frères cadets n’oublieront pas que Dieu lui-même a établi l’inégalité des âges et des conditions, et en conséquence ils respecteront leurs frères aînés. « Vous devez accorder votre soutien aux vieillards et aux enfans, et ne

  1. Livre des décrets célestes.
  2. Ibid.