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de Sou-tchao et qui dernièrement menaçait Shang-haï, le ngan-ouang (roi de la félicité) et le fou-ouang (roi de la tranquillité) font partie des nouveaux dignitaires, qui sont tous, dit-on, des hommes du Kouang-si et par conséquent d’anciens compagnons d’armes du chef insurgé. Ce dernier a placé près de lui sur le trône un de ses fils, âgé de douze ans, qui publie déjà, sous le nom de prince-héritier, des décrets et des édits, et auquel il a donné une large part dans le pouvoir temporel, se réservant d’ailleurs pour lui seul la suprématie Spirituelle.

Les ministres d’état viennent immédiatement après les rois dans la hiérarchie instituée par le chef de la rébellion. Au-dessous d’eux sont les directeurs-généraux, puis les directeurs, les préteurs, les régulateurs, les inspecteurs, les ducs, les préfets, les tribuns, les centurions, les vexillaires et les quinquévirs. Chacun de ces fonctionnaires est toujours accompagné d’un étendard jaune qui est l’insigne de son autorité, et varie de dimension suivant son grade. Les étendards des deux premiers généralissimes (les rois de l’est et de l’ouest) ont huit pieds carrés, ceux des vexillaires sont triangulaires et ont deux pieds sur chaque côté. Un quinquévir ou brigadier commande quatre hommes, le vexillaire a sous ses ordres cinq brigadiers (25 hommes), le centenier quatre vexillaires (104 hommes), le tribun cinq centurions (525 hommes), le préfet cinq tribuns (2,625 hommes), le duc cinq préfets (13,125 hommes). Ils doivent être tous des hommes éprouvés pour leur valeur ; leur rôle consiste à se battre, ils n’ont rien de plus à faire, Les autres officiers exercent des fonctions plus complexes. Les uns, sans doute les directeurs-généraux, forment une sorte de comité supérieur des opérations militaires, ils méditent et déterminent les plans de campagne ; les autres, constitués en conseil de guerre, les préteurs, rendent une justice sommaire et terrible ; d’autres encore veillent aux approvisionnemens de l’armée ou administrent les vastes magasins qui renferment les richesses communes ; d’autres enfin, probablement les inspecteurs, se font rendre compte de la conduite des soldats et distribuent des châtimens et des récompenses.

Nous ne savons rien de plus de l’organisation du pouvoir insurrectionnel. On trouve bien dans les écrits de Taï-ping-ouang quelques règles d’administration, quelques maximes de gouvernement énonçant les devoirs réciproques du souverain et de ses sujets ; mais ces règles et ces maximes ne sont que de belles théories, comme celles que l’on rencontre à chaque page dans les classiques chinois, théories révérées, rarement mises en pratique, parce qu’elles ne constituent guère, en fin de compte, qu’un vague idéal. Nous devons cependant en excepter une que les insurgés ont d’abord observée dans