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corvées. C’est avec les corvées que Trudaine avait fait exécuter son réseau de grandes routes ; mais il regrettait lui-même l’emploi de ce moyen, et demandait que les travaux fussent exécutés autant que possible à prix d’argent, moyennant un impôt spécial.

Après avoir étudié avec soin cette question délicate, le bureau des travaux publics n’avait pas cru devoir prendre de parti : les défauts de la corvée sautaient aux yeux ; mais on sentait en même temps la difficulté de la remplacer, et on se demandait s’il ne valait pas mieux chercher à la corriger dans les détails. Lorsque le roi avait révoqué l’édit qui la supprimait, deux ans auparavant, on n’avait pas osé l’appeler par son nom, et on s’était borné à dire que l’ancien usage était rétabli par provision. En même temps une instruction envoyée aux intendans recommandait de nombreux adoucissemens dans la perception. Ainsi les corvéables ne pouvaient désormais être contraints de se transporter à plus de 8,000 toises de distance, ce qui atténuait un des plus graves abus du passé. L’ingénieur en chef de la généralité proposait à la fois deux systèmes, l’un pour maintenir la corvée, l’autre pour la convertir en argent. Le bureau rapportait le pour et le contre et ne concluait pas. L’assemblée prit une résolution qui montrait à la fois l’impopularité de- la corvée et l’embarras de la remplacer : elle décida que les routes. seraient continuées en 1779 au moyen de la corvée, mais qu’on les distribuerait par tâches entre les communautés, et que la prochaine assemblée s’occuperait, dès le commencement de ses séances, des moyens les plus efficaces à prendre soit pour supprimer la corvée, soit pour n’en laisser subsister que ce qui pourrait se concilier avec les principes de justice et de bienfaisance qui avaient dirigé le roi dans l’établissement des assemblées provinciales.

Le bureau de l’agriculture et du commerce fit son rapport le dernier. Il avait pour rapporteur l’abbé de Vélard. Le travail de M. de Vélard ne fait partie ni des procès-verbaux imprimés, ni des procès-verbaux manuscrits qui existent encore aux archives de Bourges.

Cependant le terme de la session, qui ne devait pas durer plus d’un mois, arrivait. Avant de se séparer, l’assemblée nomma au scrutin secret les sept membres de la commission intermédiaire. Cette commission se constitua aussitôt sous la présidence de l’archevêque ; ses fonctions devaient être gratuites. Les deux procureurs-syndics furent pris hors de l’assemblée : les choix se portèrent sur M. de Bengy, lieutenant-général au bailliage de Bourges, et M. Dumont, procureur du roi au bureau des finances. Leurs gages, comme on disait alors, furent fixés à 4,000 livres par tête. Le secrétaire de l’archevêché fut nommé secrétaire-greffier avec un traitement de 2,400 livres. Quant aux membres de l’assemblée, ils ne consentirent à accepter qu’une indemnité de 300 livres.