Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/418

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à tous les membres sans distinction. M. Terray, intendant de la généralité et neveu du fameux contrôleur-général, prononça un discours d’inauguration, après quoi il se retira et ne reparut qu’à la séance de clôture pour prononcer un autre discours. L’assemblée entendit en corps, comme celle du Berri, une messe du Saint-Esprit, et commença immédiatement ses travaux.

L’abbé de Saint-Géry, vicaire-général à Montauban, rapporteur du bureau dit du bien public, entretint le premier ses collègues d’une question relative à la liberté du commerce des vins. Les vins et les farines formaient dès lors le principal objet du commerce du Quercy. Or on connaît, par le préambule de redit de Turgot d’avril 1776, la prétention, incroyable aujourd’hui, des propriétaires du Bordelais d’interdire dans cette ville la vente de tout autre vin que le leur. Cet édit, qui avait abrogé tous les règlemens contraires à la circulation des vins, n’avait alors que trois ans de date, et, comme toutes les mesures de Turgot, il rencontrait dans l’exécution des difficultés. L’abbé de Saint-Géry se fit l’énergique interprète des réclamations de la Haute-Guienne contre l’ancien monopole. La ville de Bordeaux exigeait encore, sous peine d’amende et de confiscation, que la futaille de Cahors fût plus petite que celle du Bordelais ; les droits d’exportation étant perçus par tonneau, sans distinction de jauge, les marchands étrangers se voyaient contraints de préférer les grandes futailles aux petites. Sur la proposition de l’abbé de Saint-Géry, l’assemblée supplia le roi de mettre un terme à cet abus, qui fermait presque aux vins du Quercy leur principal débouché.

L’abbé de Villaret fit le rapport sur le projet de règlement. Fort semblable à celui de l’assemblée du Berri, ce projet s’en distinguait cependant sur quelques points importans. Ainsi, pour le renouvellement ultérieur des membres, il admettait la sortie triennale, mais il écartait l’élection proprement dite et réservait tous les choix à l’assemblée. En revanche, parmi les membres éligibles de l’ordre du clergé, il admettait les curés, qu’avait exclus le règlement du Berri. Il se déclarait très nettement contre toute indemnité pour les députés.

Le rapport du bureau des impositions fut présenté par l’évêque de Cahors. La taille était réelle dans la généralité, c’est-à-dire perçue sur la valeur des biens-fonds d’après un cadastre fait par ordre de Colbert en 1669. Ce cadastre étant très défectueux, on avait essayé d’y porter remède par des remises accordées par le roi sous le nom de trop allivré et de moins imposé, mais la répartition de ces allégemens donnait lieu à de vives réclamations. On jugera du fardeau que la taille imposait à certaines propriétés par ce fait qu’une loi spéciale défendait aux propriétaires d’abandonner les fonds trop imposés, à moins d’abandonner en même temps tous ceux qu’ils possédaient