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1790, qui a confié plus tard le pouvoir exécutif dans les départemens à une commission élective. Le bureau fondé par Necker ne devait pas remplacer l’intendant, mais le surveiller, ce qui est fort différent, et il ne faut pas aller bien loin pour trouver une institution analogue qui fonctionne aujourd’hui parfaitement ; c’est ce qu’on appelle en Belgique la députation provinciale, chargée de représenter le conseil provincial, dans l’intervalle des sessions, auprès des gouverneurs de province. Si l’on entreprenait de comparer les députations provinciales de Belgique avec nos conseils de préfecture, on trouverait peut-être que l’idée de Necker n’était pas si mauvaise. Elle avait pour but d’attacher les principaux propriétaires à leur province en leur donnant un rôle actif dans les affaires locales, ce qui leur manque trop aujourd’hui.

Dès l’année suivante, 1779, Necker, voulant faire un second essai, établit une assemblée provinciale dans le Dauphiné ; cette fois il la composa un peu différemment. Au lieu de quarante-huit membres comme dans le Berri, elle devait en avoir soixante, dont douze appartenant au clergé, dix-huit aux gentilshommes, et trente au tiers-état. Les deux grands principes de la double représentation du tiers et du vote par tête étaient maintenus ; mais la part faite au clergé devenait un peu moindre, un cinquième seulement au lieu d’un quart, et la présidence n’appartenait plus de droit à un membre de cet ordre. Cette nouvelle proportion satisfit davantage le parti philosophique. Saint-Lambert écrivit à cette occasion à Mme Necker : « Je vois avec bien de la satisfaction que M. Necker a pu composer les nouveaux états provinciaux d’un moindre nombre d’évêques et de nobles que ceux du Berri, et qu’ils ne seront pas présidés par un prêtre. Je ne désire plus qu’une chose, c’est que ce nouveau genre d’administration, le meilleur possible à ce qu’il me parait, soit établi d’une manière durable. »

Malheureusement l’organisation de cette nouvelle assemblée rencontra plus de difficultés que la première. Le Dauphiné avait eu autrefois des états particuliers, que lui avait enlevés Richelieu ; il ne cessait de les réclamer comme un droit, et ne se prêta que de mauvaise grâce à ce qu’il regardait comme une nouvelle violation de ses privilèges. Des discussions s’élevèrent sur la présidence, sur le lieu de l’assemblée, sur les prétentions des anciens barons des états, et l’assemblée provinciale fut ajournée malgré les efforts du parlement de Grenoble, qui se montra favorable au projet ministériel. Nul doute que, si la révolution n’était pas survenue, ces difficultés n’eussent fini par s’aplanir ; mais la résurrection des états du Dauphiné était destinée à marquer le début d’un mouvement bien autrement radical.

Une troisième tentative fut plus heureuse. Un arrêt du conseil