Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/500

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C’est un exemple d’une nature d’annexion d’une nouvelle forme, et c’est à titre d’exemple que ce fait est digne de remarque. Il ne semble pas que le duc de Cobourg-Gotha doive avoir des imitateurs prompts ou nombreux. Le premier journal de l’Allemagne, la Gazette d’Augsbourg, avait annoncé prématurément que le grand-duché de Bade allait, lui aussi, faire sa fusion militaire. Cette assertion a été démentie par le journal du grand-duché. Ce n’est pas la tentation de censurer bruyamment. Cobourg-Gotha, et de protester contre les envahissemens prussiens, qui fait en ce moment défaut aux cours secondaires. Ces cours se taisent néanmoins : on ne peut compter sur la cour de Vienne, elle a trop d’affaires ailleurs, et l’on n’ose point s’attaquer à la Prusse. Les mécontens se consolent en espérant du moins que la Saxe royale, elle qui est la tête de toutes les ligues saxonnes, tancera le petit duc comme il le mérite. Ce serait en ce cas M. de Beust qui serait chargé de laver la tête au duc de Saxe-Gotha. M. de Beust est un homme d’esprit, supérieur au petit théâtre qu’il occupe, et qui ferait bien de ne point discréditer son mérite et user ses facultés dans ces pédantes et ridicules résistances à la marche des choses et aux nécessités du temps. M. de Cavour avait touché juste lorsqu’il avait retiré l’exequatur aux consuls de la Bavière, du Wurtemberg et du Mecklembourg en Italie pour répondre à une petite piqûre que la petite diplomatie des petits états avait voulu faire au nouveau royaume d’Italie. D’après une explication que le ministre des affaires étrangères a présentée sur cet incident devant la seconde chambre wurtembergeoise, il paraîtrait que les états secondaires, un peu honteux de leur impuissante pointillerie d’étiquette, voudraient atténuer la portée que M. de Cavour avait donnée à leurs objections. Le nouveau représentant de Bade à Francfort, M. Mohl, a fait un début sensé en demandant que la diète mît un terme à la plaisanterie éternelle des élections et des dissolutions d’assemblées qui se joue à Cassel depuis douze ans, et permît que la constitution de 1831 fût rétablie conformément au vœu des populations. La proposition de M. Mohl sera sans doute repoussée. L’obstination de la diète à refuser à l’électorat la constitution qu’il réclame a un digne pendant : c’est l’obstination avec laquelle la même diète réclame du Danemark la modification de ses institutions pour le plus grand plaisir des hobereaux du Holstein et du Slesvig. Il nous vient cependant de ce côté une nouvelle assez rassurante. Le Danemark entamerait avec l’Autriche une négociation nouvelle. L’exécution fédérale dont le Danemark était menacé serait ajournée à l’année prochaine ; ce délai serait mis à profit, et une solution définitive serait à peu près certaine. L’Europe se trouverait ainsi délivrée enfin de l’immense ennui que la bonne diète de Francfort lui infligeait depuis si longtemps avec cette malheureuse question du Slesvig-Holstein.

Certes l’Italie a, elle aussi, des embarras ; mais qu’ils sont différens des mesquines tracasseries qui sont l’occupation politique de l’Allemagne ! Les difficultés italiennes ont un caractère de grandeur qui peut effrayer certains esprits, mais qui du moins séduit l’imagination et l’exalte. Du premier