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LA
MÉDITERRANÉE CASPIENNE
ET
LE CANAL DES STEPPES

I. Kaspische Studien (Études sur la Mer-Caspienne), par M. de Baer ; 1854-1860, Saint-Pétersbourg. — II. Die Verbindung des Kaspischen mit dem Scwvarzen Meere (la Jonction de la Mer-Caspienne et de la Mer-Noire), par M. de Bergstræsser, dans les Mittheilungen de Petermann, Gotha 1859.

C’est un fait désormais incontesté qu’une grande mer s’étendait autrefois du Pont-Euxin à l’Océan-Glacial : la Caspienne, la mer d’Aral, les innombrables lacs parsemés dans les plaines d’Astrakhan et de la Tartarie, sont des restes de cette antique Méditerranée d’Asie, non moins grande que notre Méditerranée européenne. Les traces diverses laissées sur le sol pendant les périodes géologiques récentes, les amas de coquillages, les bancs de sel épars au milieu des steppes, ne permettent pas de mettre en doute le long séjour des eaux marines dans ces plaines, aujourd’hui desséchées, et l’on peut même reconnaître en grande partie la ligne des falaises que venaient battre autrefois les eaux de l’océan disparu. Il n’est pas étonnant que dans une contrée où chaque rocher, chaque dune, chaque grain de sable est un éloquent témoin des anciens jours, les populations aient inventé ou conservé la tradition de la mer immense qui séparait les continens de l’Europe et de l’Asie. D’ailleurs l’homme a peut-être assisté au dessèchement graduel de cette mer ; il a peut-être vu le Pont-Euxin s’éloigner de la Caspienne, la Caspienne abandonner dans la plaine son ancien golfe de l’Aral, et des lacs considérables s’évaporer au soleil ou se changer en masses de sel gemme.