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et retirée. La nouvelle déclaration l’établissait définitivement, le roi ne se réservant que le droit de la suspendre pendant un an, et seulement pour les provinces qui le demanderaient par l’organe de leurs représentans. » Nous nous sommes convaincus, disait le préambule, que les mêmes principes qui réclament la liberté de la circulation des grains dans l’intérieur de notre royaume sollicitent aussi celle de leur commerce avec l’étranger, que la défense de les exporter, quand leur prix s’élève au-dessus d’un certain terme, est inutile, puisqu’ils restent d’eux-mêmes partout où ils deviennent trop chers, qu’elle est même nuisible, puisqu’elle effraie les esprits, qu’elle presse les achats, qu’elle resserre le commerce, qu’elle repousse l’importation, enfin que la hausse des prix, pouvant être provoquée sur plusieurs marchés par des manœuvres coupables, ne saurait indiquer le moment où l’exportation pourrait être dangereuse. » On sait ce que les gouvernemens suivans ont fait de cette liberté précieuse, proclamée par Louis XVI; il n’a pas fallu moins de trois quarts de siècle pour la reconquérir.

L’assemblée reçut aussi communication de la déclaration du roi pour la conversion de la corvée en une prestation en argent. Louis XVI y chargeait les assemblées provinciales de lui proposer, dès leurs premières séances, les mesures qui leur paraîtraient les plus convenables pour régler le mode de conversion. Des instructions spéciales sur l’agriculture avaient été rédigées à Paris et envoyées par le gouvernement à toutes les provinces. « En comparant, y était-il dit, les différentes parties du royaume, soit entre elles, soit avec les royaumes voisins où la culture est plus florissante, on doit croire que, si les récoltes sont médiocres, même dans les terrains fertiles, si les essais pour tirer parti des jachères ont été infructueux, si enfin les nouvelles cultures qu’on a cherché à introduire n’ont pas eu tout le succès dont on s’était flatté, c’est au défaut de fumier et d’engrais qu’on doit principalement en attribuer la cause. Ce défaut d’engrais annonce l’insuffisance du nombre de bestiaux. Les assemblées provinciales doivent donc s’occuper des moyens d’introduire dans les campagnes un système de culture propre à les augmenter. Avant de chercher à les multiplier, il faut assurer leur subsistance. Un des principaux moyens pour y parvenir est la formation des prairies artificielles, et il est à désirer que les assemblées provinciales s’attachent à favoriser ce genre de culture. Indépendamment des instructions qu’elles peuvent publier, des distributions gratuites de graines, au moins sous la forme de prêt, seraient un grand encouragement. Ces assemblées pourraient proposer des gratifications en bestiaux aux cultivateurs qui auraient mis en bon rapport un certain nombre de prairies artificielles. Les turneps.