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lement se concilier avec le maintien des intendans. Pour les assemblées d’élection, c’était l’inverse ; la commission intermédiaire n’avait aucune utilité réelle, mais il pouvait être avantageux de remplacer par des syndics élus ces agens de l’intendant, nommés et révoqués par lui à volonté, qu’on appelait des subdélégués. Seulement rien n’obligeait à en avoir deux pour chaque élection ; un syndic aurait suffi. Même pour les assemblées provinciales, deux étaient de trop. Comme tous les nouveaux convertis. Calonne et Brienne avaient eu trop de zèle ; ils avaient multiplié à l’excès les rouages de leurs administrations, et ce n’était pas sans raison que, dans le préambule de l’édit, le roi avait annoncé l’intention de faire à ces premiers arrangemens les changemens que l’expérience ferait juger nécessaires.

Pourquoi faut-il que cette expérience n’ait pas pu s’accomplir ? L’assemblée provinciale de Champagne, comme toutes celles qu’avait instituées l’édit de 1787, n’a tenu qu’une session, et les assemblées secondaires ont eu à peine le temps de se constituer. On ne peut que le regretter profondément en voyant l’esprit qui y régnait. « L’étude de l’administration publique, avait dit l’archevêque-président, élève l’âme en occupant la pensée. Le temps employé à méditer sur l’économie politique remplit le cœur d’affections douces ; il répond à ce besoin impérieux que ressent l’homme d’être utile à ses semblables. C’est là que le travail porte avec lui sa récompense : c’est là que l’âme peut jouir en paix du succès de l’esprit. »


II. — PICARDIE, SOISSONNAIS, HAINAUT.

Picardie. — La généralité d’Amiens, qui avait remplacé l’ancienne Picardie, comprenait le département actuel de la Somme et quelques parties des départemens voisins. Elle se divisait en six élections, qui forment aujourd’hui autant d’arrondissemens : Amiens, Abbeville, Doullens, Péronne, Montdidier et Saint-Quentin, plus les quatre gouvernemens de Montreuil, Boulogne, Calais et Ardres. Comme ceux de Champagne, les états de Picardie avaient disparu dans le cours du XVe siècle. Il paraît même qu’il n’y avait jamais eu une assemblée unique pour la province entière : dans ce pays de libertés municipales, chaque fraction de territoire avait ses états. Il en restait quelque chose dans le Boulonnais, qui avait conservé une administration distincte avec le titre de gouvernement, et qui réclama le maintien de ses privilèges, ce qui lui fut accordé sans difficulté.

L’assemblée provinciale, à cause du peu d’étendue de la généralité, ne se composait que de 36 membres. Le duc d’Havré fut