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nommé président par le roi ; les autres députés de l’ordre de la noblesse étaient le duc de Villequier, le comte d’Hellye, le comte de Crécy, le duc de Mailly, le prince de Poix, le marquis de Lameth, le commandeur de Varennes et le marquis de Caulaincourt. Pair de France, lieutenant-général et grand d’Espagne, le duc d’Havre avait fait partie de l’assemblée des notables : député de la noblesse d’Amiens aux états-généraux, il devait y voter contre toutes les décisions de la majorité et s’en séparer de bonne heure par l’émigration ; mais pour le moment il approuvait sans réserve l’institution des assemblées provinciales. Le prince de Poix, fils aîné du maréchal de Mouchy, passait pour un des plus grands admirateurs de Necker ; il a voté tour à tour à l’assemblée constituante avec la majorité et la minorité, et a fini par se ranger auprès du roi, qu’il défendit de sa personne au 10 août. Le marquis de Lameth était le frère aîné des deux Lameth, Alexandre et Charles, fort connus par la part qu’ils ont prise à la révolution, et le marquis de Caulaincourt le père de celui qui a reçu de Napoléon le titre de duc de Vicence. Le clergé se composait de l’évêque d’Amiens (M. de Machault), d’abbés, de chanoines, d’un religieux de Corbie et du curé d’Ardres. M. Lecaron de Choqueuse, maire d’Amiens, siégeait en tête du tiers-état. Les deux procureurs-syndics étaient, pour la noblesse et le clergé, le comte de Gomer, et pour le tiers-état M. Boullet de Varennes, avocat.

L’intendant de la province, M. d’Agay, ouvrit la session, accompagné de son fils, qui devait lui succéder, et un passage de son discours prouve que la corvée pour les chemins avait été abolie pendant son administration, avant l’édit du roi. « Grâce à la législation bienfaisante de sa majesté et aux sages conseils d’une assemblée à jamais mémorable qui lui a transmis le vœu de la nation, l’odieux régime de la corvée a disparu. Les contributions que supporte la classe la plus aisée des campagnes, en soulageant les malheureux, épargnent à la province le prix inestimable d’une multitude de journées souvent inutiles et très mal employées. Des calculs que j’ai exposés aux yeux du gouvernement établissent que la valeur des journées d’hommes et de chevaux employées par corvées en nature dans cette province, évaluées au plus bas prix, formait un objet de 900,000 livres au moins. Les essais que j’ai concertés avec un grand nombre de propriétaires éclairés pour la conversion en argent avait réduit cette valeur à la somme de 336,000 livres par an avant les lois qui ont étendu ce bienfait à tout le royaume. »

Je donnerai aussi un extrait du discours du duc d’Havre ; on aime à rappeler ce beau et touchant langage. « C’est l’union qui doit être notre premier caractère. Rien n’est plus précieux que cette intelli-