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privilège exclusif du tabac, et, un siècle seulement s’étant écoulé depuis la réunion, son droit à une administration indépendante pouvait être considéré comme suspendu plutôt qu’aboli.

Louis XVI n’y établit pas d’emblée une assemblée provinciale, « Sa majesté, était-il dit dans l’arrêt du conseil du 12 juillet 1787, a pris connaissance du régime anciennement suivi dans la généralité du Hainaut, et voulant connaître si ce régime devait être remplacé par celui qu’elle a préféré pour les autres provinces du royaume, ou s’il était possible de le modifier de manière que le retour de cette province à ses anciens usages ne nuisît pas à ses intentions, elle a déterminé qu’il serait convoqué dans la ville de Valenciennes une assemblée consultative à l’effet de prendre une connaissance particulière et approfondie des formes des administrations provinciales que sa majesté vient d’établir dans les autres généralités de son royaume, et de s’occuper en même temps de l’examen attentif des formes anciennes de l’administration de ladite généralité, afin de voir les rapports qui peuvent exister entre ces deux régimes et leurs avantages respectifs. »

L’assemblée consultative se réunit en effet à plusieurs reprises sous la présidence du duc de Croï ; elle se composait de 36 membres, dont 18 nommés par le roi et 18 élus par les premiers, en conservant les mêmes proportions entre les ordres que dans les autres assemblées provinciales. Le résultat de ses délibérations fut de réclamer le rétablissement des anciens états, mais avec des modifications qui les rapprochaient beaucoup du régime nouveau. Ainsi les trois ordres devaient délibérer ensemble, les voix se compter par tête, et le nombre des membres du tiers-état égaler celui du clergé et de la noblesse, ce qui s’écartait tout à fait des anciens usages. Les autres dispositions avaient moins d’importance, et on avait pu s’y conformer sans inconvénient aux traditions locales. Les états devaient avoir 46 membres ; tous les abbés réguliers devaient en faire partie de droit, tous les gentilshommes possédant une terre à clocher y entrer tour à tour par voie de tirage au sort. En réalité, quoique l’assemblée répétât à tout moment dans son projet ces mots sacramentels : conformément à la constitution essentielle du Hainaut, on ne rétablissait que les noms et les apparences des anciennes institutions, et l’esprit nouveau pénétrait profondément cette organisation rajeunie.

L’assemblée provisoire s’occupa des affaires de la province absolument dans les mêmes formes que les autres assemblées provinciales, et remplit ainsi, pour commencer, l’office des états, qui devaient se composer à peu près des mêmes personnes. Ce qui arriva dans cette petite province mérite d’être remarqué en ce qu’on y voit comment on aurait pu passer sans secousse, dans tous les pays d’é-