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l’inégalité. Il a suffi de supprimer toutes les exemptions pour la faire accepter définitivement par les populations, qui supportent sans murmure les plus grands sacrifices, pourvu qu’ils soient également répartis ; mais ce moyen commode a mis entre les mains des gouvernemens ambitieux un instrument terrible dont il est facile d’abuser. Que d’hommes et de capitaux manquent aujourd’hui à la France, qui n’auraient pas disparu, si le tirage au sort avait pu être aboli, ou du moins renfermé dans de plus étroites limites !

Il est inutile d’insister sur les travaux de l’assemblée relatifs l’extinction de la mendicité et aux travaux publics, ces sujets étant de ceux qui se reproduisaient dans toutes les provinces. La question des travaux publics avait d’ailleurs bien moins d’importance pour l’Ile-de-France que pour toute autre partie du royaume à cause du privilège dont jouissaient les abords des résidences royales, Paris, Versailles, Compiègne et Fontainebleau, dont les routes étaient sous la direction immédiate de l’intendant des finances, chargé de l’administration générale des ponts et chaussées.

La Société royale d’agriculture de Paris, qui comptait parmi ses membres le duc du Châtelet, le marquis de Guerchy, M. d’Ailly et plusieurs autres, s’était empressée d’écrire à l’assemblée pour lui offrir ses services. M. de Guerchy rendit compte de l’organisation toute récente des comices agricoles que la province devait à l’intendant. Une distribution gratuite de vaches aux cultivateurs pauvres avait été organisée par les soins du même administrateur. L’assemblée exprima, sur le rapport du bureau du bien public, plusieurs vœux dans l’intérêt de l’agriculture, tels que la réduction des capitaineries pour diminuer les dégâts commis par le gibier, la suppression de la dîme sur les prairies artificielles, l’extension à l’Ile-de-France de la récente déclaration du roi qui limitait le droit de parcours en Bourgogne et en Champagne, l’extension au dessèchement des étangs de la loi qui exemptait de taille pendant vingt ans les terres nouvellement défrichées.

Sur le rapport du bureau de comptabilité, il fut décidé que les membres de l’assemblée ne recevraient aucun traitement, mais qu’il serait accordé aux officiers municipaux de la ville de Melun une somme annuelle de 2, 400 livres pour prix des logemens qu’ils voulaient bien fournir aux députés. « Le bureau, disait le rapport, n’ose même pas prononcer le nom d’honoraires pour récompenser les services de vos procureurs-syndics. Nous voyons en ce moment le mérite réuni à l’aisance ; mais cet heureux accord est rare, et nous devons prévoir que la fortune ne sera pas toujours aussi juste. Le bureau croit donc devoir vous proposer qu’il soit délivré tous les ans, sur les mandats des procureurs-syndics, une somme de