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tons et les représentans des paroisses de chacun de ces cantons choisissent un d’entre eux, qui est nommé le député du canton. »

Suivrons-nous maintenant les principaux membres de l’assemblée de l’Ile-de-France au milieu des orages de la révolution ? Nous retrouverons M. d’Ailly le premier nommé président de l’assemblée constituante, le comte de Crillon dans la minorité de la noblesse qui se réunit au tiers-état en 1789, le vicomte de Noailles donnant, dans la nuit du 4 août, le signal de l’abandon général des privilèges, et le duc du Châtelet proposant, dans la même séance, l’abolition des corvées seigneuriales. Ces actes, généreux jusqu’à l’imprudence, ne calmèrent pas la fureur du peuple de Paris. Le malheureux Bertier de Sauvigny, victime de la haine amassée depuis deux siècles contre les intendans, fut massacré quelques jours après la prise de la Bastille, avec son beau-père Foulon, comme suspect de manœuvres pour faire renchérir le prix du pain, lui qui avait consacré toute sa carrière au progrès de l’agriculture dans sa généralité. Le duc du Châtelet, condamné à mort en 1793, essaya de se tuer dans sa prison en se frappant la tête contre les murs ; il fut porté tout sanglant sur l’échafaud. Le vicomte de Noailles eut une mort plus digne de lui ; après avoir émigré en 1792, il reprit du service en 1803 et fut envoyé à Saint-Domingue avec le grade de général de brigade. Bloqué par les Anglais dans le môle Saint-Nicolas, il s’échappa par une nuit obscure avec sa petite garnison, s’empara à l’abordage d’une corvette anglaise, et reçut le coup mortel dans cette audacieuse entreprise. Ses grenadiers enfermèrent son cœur dans une boîte d’argent et l’attachèrent à leur drapeau.


IV. — ORLÉANAIS.

La généralité d’Orléans comprenait à peu près les trois départemens actuels du Loiret, d’Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher, avec des fractions de Seine-et-Oise et de la Nièvre. Elle se divisait en douze élections, qui forment aujourd’hui autant d’arrondissemens : Orléans, Montargis, Pithiviers, Gien, Beaugency, Chartres, Châteaudun, Vendôme, Blois, Romorantin, Dourdan et Clamecy. Le nombre des membres de l’assemblée provinciale fut fixé à cinquante-deux, et son siège placé à Orléans, chef-lieu de la généralité ; cette ville avait déjà 40,000 habitans.

L’Orléanais était encore une de ces provinces formées de pièces et de morceaux, qui ne présentaient aucune unité réelle. Le duché d’Orléans, les comtés de Blois, de Vendôme, de Chartres, ont une histoire ; l’Orléanais n’en a pas. La forme même de la généralité, longue et étroite, témoignait de son origine artificielle ; des plaines