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testation de la commission? Rien. Mais qu’a produit la décision prise par la Porte-Ottomane? La lettre de lord Dufferin à sir Henri Bulwer, en date du 27 février, l’expose douloureusement. « L’effet de cette intervention du gouvernement central a été pernicieuse. J’ai déjà informé votre excellence qu’il y a dans l’esprit des populations chrétiennes de Syrie la conviction arrêtée que les désastres qui les ont frappées dernièrement ont été autorisés par la Porte. Le seul moyen pour Fuad-Pacha d’ébranler cette conviction était d’aborder hardiment et promptement l’œuvre de la réparation. » Il fallait donc frapper Damas d’un impôt pénal et se servir de cet impôt pour indemniser sans délai les chrétiens. En voulant tout régler de Constantinople, tout s’est trouvé arrêté, excepté les malheurs et les défiances des chrétiens, qui n’ont fait que s’accroître. « Depuis sept mois passés, il n’a rien été fait pour rétablir les pauvres chrétiens de Damas dans leurs maisons. Leur quartier est encore ce qu’il était le lendemain des massacres. La plupart des habitans de ce quartier sont à Beyrouth, et le petit nombre de ceux qui languissent à Damas dans l’asile sinistre des maisons musulmanes, où ils ont été entassés dans le premier moment, arrivent chaque jour à Beyrouth, à mesure que les routes sont ouvertes, refusant, non sans raison, de rester plus longtemps dans une ville où ils ne peuvent point avoir de maisons à eux, où ils n’ont aucun moyen de gagner leur vie, et où les rations quotidiennes que le gouvernement a dû leur fournir pendant l’hiver sont arriérées de trente ou quarante jours... Si Fuad-Pacha avait été mis à même de commencer de bonne foi l’œuvre de la réparation à Damas, s’il avait été généralement connu que la question de l’indemnité avait été réglée de manière à satisfaire la commission européenne, et que la Porte, dans sa sollicitude pour ses sujets chrétiens, était disposée à presser avec un certain degré de rigueur leurs persécuteurs musulmans, la situation du gouvernement ottoman serait en ce moment bien moins désavantageuse, et nous, qui entreprenons sincèrement de l’aider dans ses efforts, nous serions plus capables de combattre avec succès les efforts de ceux qui n’ont d’autre intention que de déprécier tout ce qu’il fait[1]. »

La commission avait bien raison de croire que le règlement de l’indemnité n’avait pas été transporté à Constantinople dans l’intérêt des populations chrétiennes de la Syrie. Dans la vingt-cinquième séance de la commission, le 5 mars 1861, Fuad-Pacha fit part à la commission des instructions qu’il avait reçues de Constantinople au sujet de l’indemnité due aux habitans chrétiens de Damas. « La Porte a reconnu, comme la commission, que le principe d’une somme fixe et déterminée à l’avance, à répartir ensuite entre les ayant-droit au

  1. Documens anglais, p. 480, n. 373.