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annuelle un certain nombre de feuilles. M. Goldschmidt n’a-t-il pendant ce mois-ci rien à dire, ou bien est-il en voyage ou même en villégiature, son recueil vaque avec lui. De retour à la ville, il imprime, corrige, et tout le monde est content. Voilà qui ne ressemble guère aux travaux de nos directeurs de revues, auxquels nous ne permettons pas même le repos du dimanche, si le dimanche est condamné par l’almanach. Ces petits mondes littéraires du Nord n’en vont pas plus mal, et la bonne entente subsiste entre les abonnés débonnaires et le rédacteur homme d’esprit.

Le Danemark nous offrirait encore un intéressant périodique dans la Revue mensuelle danoise (Dansk Maanedsskrift) de M. Steenstrup, avec des articles historiques et littéraires signés de leurs auteurs; mais l’intérêt de ces recueils, qui se renferment dans le cercle un peu étroit du public scandinave, s’efface devant celui des périodiques spéciaux, pour la philologie, pour la théologie, pour l’agriculture, l’industrie, la médecine, la chirurgie, les sciences naturelles, l’économie domestique, etc., qui sont nombreux et influens dans le Nord. On conçoit que dans les pays peu riches se multiplient ces publications en commun, qui réunissent les conditions de bon marché et de publicité assurée. C’est ainsi que les périodiques spéciaux du Nord, dont la liste serait trop longue à donner ici, sont devenus pour les sciences théoriques ou pratiques des répertoires bien connus et d’une richesse considérable; on sait combien le génie de l’observation scientifique est développé chez les compatriotes de Linné, de Berzélius et d’OErsted[1]. Il faut un esprit différent, à certains égards plus général et même plus élevé, pour les études politiques et littéraires dont vit la presse périodique vraiment digne de ce nom. Cet esprit ne se développe, nous l’avons dit, que chez les sociétés avancées et éclairées, où le nombre est grand des hommes intelligens et instruits. Il nous a suffi de montrer que les trois pays du Nord font en ce moment même d’honorables efforts vers de telles publications pour témoigner en même temps de leur progrès intellectuel et moral.


A. GEFFROY.


L’Abolition de l’Esclavage, par M. Augustin Cochin[2].

On ne trouverait plus en Europe un écrivain pour plaider la cause de l’esclavage. Il faut traverser l’Atlantique pour rencontrer des panégyristes de ce crime social qui a immolé tant de victimes, et encore ces panégy-

  1. Le nombre des journaux et recueils périodiques en Suède était de 100 en 1833, de 120 en 1843, de 138 en 1853 (105 journaux et 33 recueils dont 21 à Stockholm), de 140 en 1859. La Suède ayant une population de 3,700,000 âmes, cela fait environ un journal par 26,000 habitans, quand l’Allemagne en 1850 n’avait qu’un journal par 50,000 habitans, la France en 1844 un pour 45,000, et l’Angleterre un pour plus de 50,000. Le Danemark avait en 1848 un journal pour 23,500 personnes, la Russie en 1850 un pour 357,142, et les États-Unis un pour 9,200. Le plus ancien journal suédois, le Post-och Inrikes-Tidningar (Nouvelles de la Poste et de l’Intérieur) aujourd’hui journal officiel, date de 1645 ; le Dagligt Allehanda (Faits divers de chaque jour), qui a précédé le Svenska Tidning, date de 1767.
  2. 2 vol. in-8o ; J. Lecoffre et Guillaumin.