AVANT-PROPOS.
Certaines situations de la vie intime ou certaines émotions individuelles sont plus aisément retracées par le dialogue que par le récit, et sans songer à sortir du cadre du roman, nous avons quelquefois senti le besoin de leur donner la forme d’une conversation entre un petit nombre de personnages. Ces essais ne méritent ni le titre de proverbes, qui semble indiquer la mise en action d’une idée générale, ni celui de saynètes, qui promet une action particulière assez vive et spécialement dramatique. Nous nous contenterons donc de celui de nouvelles dialoguées, qui doit bien faire comprendre que ceci n’a jamais été destiné au théâtre.
Pourtant ces dialogues ont été récités sur la scène, mais entre amis, et devant un public d’amis intimes, fort restreint par conséquent, et il s’est produit là quelque chose d’intéressant. Convaincu que tout sujet est bon quand il est honnête et bien compris, nous nous plaisions à demander d’avance aux acteurs la donnée du dialogue qu’ils voulaient dire, et sur cette donnée, la plus simple étant toujours, selon nous, la meilleure, nous leur indiquions dans un canevas détaillé les raisonnemens et les contradictions, les volontés et les imprévus, les efforts et les spontanéités que leurs sentimens et leurs caractères nous semblaient devoir comporter. C’était un travail d’analyse qui leur plaisait, et comme ils étaient libres de développer nos indications, nous les avons vus souvent composer leur rôle avec une rare intelligence, et trouver dans la liberté de leur étude, et même dans la chaleur de l’improvisation, les accens d’une vérité très frappante, ou les aperçus d’une appréciation très ingénieuse.
Nous avons pensé souvent à récrire ces dialogues, non pas tels que nous les avons entendus sur le théâtre de Nohant (verba volant), mais sous l’im-