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LE PAVÉ.

trois choses, qui sont le… le… (Il prend divers échantillons et les montre à Durand.)

Durand.

Allons ! tu ne sais pas les noms, tu ne les apprendras jamais ; mais l’œil et la mémoire du fait y sont toujours. Il faudrait au moins avoir une idée de l’histoire du globe… D’où est sorti le granit au commencement des choses ?

Coqueret.

Oh ! je sais, monsieur. Ça est sorti de l’eau, ou du feu, ou de l’air, c’est comme vous voudrez.

Durand.

Comment ! c’est comme je voudrai ?

Coqueret.

La Louise m’a dit : Monsieur n’est pas sûr, mais il aime mieux que ça soit sorti du feu, et ce sera ce que monsieur décidera.

Durand, à part.

On dirait qu’à eux deux ils se sont moqués de moi ? Au fait, je n’ai là-dessus que des hypothèses ! (Rêvant en regardant le granit que Coqueret lui a apporté.) Qui résoudra à coup sûr le premier des problèmes ? Qui a présidé au spectacle de ces étonnantes formations ? granit ! la plus vulgaire et la plus mystérieuse des pierres ! tu es la clé qui ouvre tout, sauf le point de départ ! Derrière toi, il n’y a de prouvé que la fantaisie de nos systèmes ! Tu es le poème fabuleux (Louise entre) de nos rêveries, le témoin impénétrable des jours qui ne sont plus, le…


Scène V.

Les Mêmes, LOUISE.
Louise, qui a interrogé Coqueret du regard en entrant, et à qui celui-ci a fait signe que leur maître était dans les espaces. De la part de Coqueret, cet avertissement n’a rien d’ironique, il est au contraire respectueux et admiratif.

Bonjour, monsieur…

Durand

Ah ! bonjour, ma Louise, bonjour, ma bonne fille ! (il l’embrasse au front, presque respectueusement.) Es-tu un peu contente de me revoir ?

Louise.

Oh ! oui, monsieur, bien contente.

Coqueret, bas à Louise.

Pourquoi est-ce que tu ne l’embrasses pas, toi ? Embrasse-le donc !

Louise, bas.

Non !